Pratiques endogènes de conservation de la biodiversité et d’adaptation au changement climatique : cas de l’Aire Communautaire de Conservation de la Biodiversité de la Lagune Côtière de Ouidah au Bénin

Abstract

Les changements climatiques et l’érosion de la biodiversité représentent actuellement un défi global, et chaque pays doit définir des mesures adaptées pour y faire face. D’où l’objet de cette analyse sur les pratiques endogènes des populations riveraines et relation avec les changements climatiques au sein de l’ACCB de la Lagune Côtière de Ouidah au sud du Bénin. Les populations riveraines de l’ACCB de la Lagune Côtière de Ouidah, en plus des nombreux problèmes qu’elles rencontrent dans leurs activités quotidiennes, sont confrontés aux effets du changement climatique au cours de ces dernières années. C’est dans le but de contribuer à la compréhension des perceptions des populations locales sur ce phénomène climatique, ses impacts et les stratégies d’adaptation, que cette étude a été menée. Pour y arriver, des enquêtes socio-anthropologiques ont été effectuées auprès de 226 personnes au total. 95% de la population ont une idée des changements climatiques, et l’attribuent principalement à l’ordre naturel des choses, ensuite au non-respect des normes sociales et des divinités. Pour eux, les signes des changements climatiques se traduisent par le retard des pluies, l’agressivité des pluies, la fréquence alternance inondation/sècheresse, etc. Pour faire face aux impacts tels que la baisse des rendements agricoles, le bouleversement des dates semis, etc., les paysans associent savoirs endogènes et exogènes (modification de calendrier agricole, usage d’intrants chimiques, etc.). Pour les pêcheurs, des stratégies comme la diversification des sources de revenus, la pisciculture, le rachat de poissons, etc. sont adoptées en réponse à la disparition de certaines espèces de poisson et à l’assèchement de la lagune côtière. De plus, l’existence et le maintien des forêts sacrées, la création d’aires naturelles sacralisées réserves de biodiversités ont contribué considérablement à la conservation d’espèces animales et végétales représentées par des divinités que les populations vénèrent en tant que régisseurs de la vie sociale, et protectrices des hommes et leurs ressources. Cependant, avec l’avènement des religions monothéistes (christianisme et islam) et la mondialisation culturelle et économique, ces pratiques endogènes culturelles et cultuelles sont en voie de cessation. Pour cela, il est primordial d’entreprendre des mesures de rétablissement et de conservation de ces savoirs et pratiques ancestrales en l’adaptant aux réalités sociopolitiques actuelles.

Climate change and the erosion of biodiversity currently represent a global challenge, and each country must define appropriate measures to deal with it. That is why this analysis of the endogenous practices of riparian populations and their relationship with climate change within the ACCB of the Ouidah coastal lagoon in southern Benin is so important. In addition to the many problems they encounter in their daily activities, the people living along the Ouidah Coastal Lagoon ACCB have had to contend with the effects of climate change in recent years. The aim of this study is to help understand local people's perceptions of this climatic phenomenon, its impacts and adaptation strategies. To achieve this, socio-anthropological surveys were carried out among a total of 226 people. 95% of the population have some idea of climate change, and attribute it mainly to the natural order of things, followed by non-compliance with social norms and divinities. For them, the signs of climate change are the delay in rainfall, the aggressiveness of the rains, the frequency of alternating floods and droughts, and so on. To cope with impacts such as lower crop yields, changes in sowing dates, etc., farmers combine endogenous and exogenous knowledge (changes to the farming calendar, use of chemical inputs). For fishermen, strategies such as diversifying sources of income, fish farming, buying back fish, etc. are adopted in response to the disappearance of certain species of fish and the drying up of the coastal lagoon. In addition, the existence and maintenance of sacred forests and the creation of sacred natural areas as biodiversity reserves have contributed considerably to the conservation of animal and plant species represented by divinities that people venerate as rulers of social life and protectors of people and their resources. However, with the advent of monotheistic religions (Christianity and Islam) and cultural and economic globalisation, these endogenous cultural and cultic practices are coming to an end. Measures must therefore be taken to restore and conserve this ancestral knowledge and practices, while adapting them to today's socio-political realities