Croissance démographique : implications socio-spatiales, environnementales et sanitaires dans le commune d'Abomey-Calavi au Bénin

Abstract

La croissance démographique et les implications qui en découlent constituent des défis majeurs de développement dans la commune d’Abomey-Calavi au Bénin. Entre 1992 et 2002, la population s’est multipliée par 2,5 avec un taux annuel d’accroissement de 9,3 % (INSAE, 2003). De 2002 à 2013, le taux d’accroissement démographique est resté toujours le plus élevé du pays, soit 6,9 %. Cette forte croissance de la population a engendré des transformations qui ont contribué à faire de l’espace communal, un territoire informe, désorganisé, sans grande rationalité et souffrant d’un certain nombre de problèmes. Pour mieux appréhender ce phénomène et ses conséquences dans la commune d’Abomey-Calavi, l’étude s’est proposée d’analyser la forte croissance de la population et ses implications spatiales, socio-économiques, environnementales et sanitaires. Ainsi, sur les 299 formations sanitaires privées et publiques recensées, 38 ont été sélectionnées. Les usagers et les prestataires de soins de ces centres de santé et 835 chefs de ménages ont été interrogés. A partir des images satellites, des cartes d’occupation de sol ont été réalisées pour apprécier les transformations spatiales. Cette démarche a permis de constater que 73,29 % des ménages interrogés sont des migrants. Les motivations de cette migration qui au départ étaient d’ordre économique, géographique, environnemental, professionnel, familial, politique et institutionnel ne résistent plus dans le temps. Entre 1995 et 2010, on note l’extension de l’espace habité (4 %) et une forte réduction des superficies de culture et de jachère à palmier (12 %) puis de la mosaïque de cultures et de jachères (4 %). En dépit de l’amélioration par endroit de l’accès à l’électricité, à l’eau potable et aux infrastructures scolaires, on note une évolution en dents de scie du niveau de pauvreté, le développement de l'insécurité, les conflits domaniaux, l’insécurité alimentaire, la dégradation de l'environnement, l’inondation et le renchérissement des prix des loyers. Au plan sanitaire, le paludisme, les affections traumatiques, les maladies diarrhéiques et les infections respiratoires dont le nombre de cas est en constante progression, demeurent les principales causes de morbidité auxquelles un système de soins constitué à 94,5 % de formations sanitaires privées doit faire face. Le service public qui représente 5,5 % des établissements sanitaires souffre d’une insuffisance d’infrastructures, d’équipements et de personnel en quantité et en qualité. Pour relever ces défis dus à la forte croissance démographique, il est nécessaire de : i) réfléchir sur la vocation future de la commune, ii) doter les localités encore rurales d’infrastructures de base, iii) mettre à la disposition des centres de santé publics, du personnel qualifié, iv) construire, réhabiliter et équiper les formations sanitaires et enfin exercer un contrôle régulier des établissements privés de santé.