Influences des perturbations anthropiques sur le stock de carbone dans les écosystèmes de savane en zone soudanienne du Burkina Faso

Abstract

La variabilité du climat a occasionné la baisse de la productivité des écosystèmes agricoles et forestiers au Burkina Faso à l’instar des autres pays en Afrique sub-saharienne. La dépendance aux pratiques traditionnelles d’élevage et d’agriculture comme moyen de subsistance devient de plus en plus précaire. Le mécanisme PSE (Paiement des Services Ecosystémiques) est le nouvel instrument de conservation et de développement proposé comme une option potentielle d’amélioration des moyens de subsistance des populations. Cependant, malgré quelques études sur la dynamique du carbone à long terme sur les terres arides d'Afrique, il y a une insuffisance d'informations sur les pools de carbone et leur dynamique. L’objectif de cette étude a été de déterminer les stocks et la séquestration de carbone dans différentes formes de gestion des écosystèmes. Nous avons évalué les stocks de carbone organique, les caractéristiques physiques du sol, la biomasse aérienne et souterraine au niveau parcelle et ensuite à l’échelle du paysage. L’étude a été menée dans deux dispositifs expérimentaux à long terme que sont celui de Laba à sols superficiels et celui de Tiogo à sols profonds, ainsi que dans le site sentinelle installé à Tiogo. Les sols ont été prélevés à deux niveaux de profondeur (0-20 cm et 20-50 cm). Le dosage du carbone organique total du sol a été fait par spectroscopie. La biomasse végétale souterraine a été évaluée par extraction de monolithes aux deux niveaux de profondeur du sol et par excavation. La biomasse végétale aérienne et sa dynamique ont été évaluées à partir des données d’inventaires réalisés chaque 5 ans depuis 1992. Le modèle InVEST a été utilisé pour l’estimation du carbone et sa valeur sociale au niveau paysage. En fonction des sites, les résultats ont montré que le pâturage, le feu précoce et la coupe sélective ont affecté différemment l’infiltration, le carbone organique du sol, la biomasse racinaire et aérienne. L’agriculture a contribué à réduire le carbone organique du sol par rapport à la forêt. Les stocks de carbone à Laba ont varié de 14,95 à 27,43 t C ha-1 dans la profondeur0-20 cm et de 7,75 à 26,54 t C ha-1 dans celle de20-50 cm en fonction des traitements. A Tiogo, ces stocks ont varié de 19,77 à 31,28 t C ha-1 et de 20,49 à 41,51 t C ha-1 respectivement aux niveaux de profondeur0-20 cm et 20-50 cm. La biomasse racinaire totale a varié de 8 t ha-1 à 19 t C ha-1. La biomasse aérienne a varié en fonction de traitement, de 43 t ha-1 à 71 t ha-1. L’incrément de biomasse a varié de -0.1 t ha-1 an-1 à 2,1 t ha-1 an-1. Le ratio biomasse souterraine et biomasse aérienne a varié de 20% à 290% suivant les espèces et la classe de diamètre. La biomasse aérienne de Vitellaria paradoxa a varié de 0,12 t pour les pieds de 0 20 cm de diamètre à 4,1 t pour les arbres de diamètre supérieur à 50 cm. L’évaluation du carbone faite au niveau du paysage a montré que les pratiques agro-sylvo-pastorales actuelles ont engendré un bilan de séquestration négatif. En zone de forêt, la séquestration a été de 1,64 t C ha-1 an-1contre une émission moyenne de 1,85 t C ha-1 an-1. Dans les zones agroforestières, la séquestration a été de 0,48 t C ha-1 an-1 contre une émission de 0,66 t C ha-1 an-1. Les différents scénarios testés montrent que la restauration de la végétation des espaces protégés est celle qui engendre des niveaux de séquestration les plus élevés. Les données référentielles sur le niveau de stocks de carbone et de séquestration dans les écosystèmes de savane générées dans la présente étude permettront de renforcer les capacités de notre pays dans les différentes négociations dans le cadre des changements climatiques.