Recherche sur l’évolution de l’occupation des terres, de la végétation et des perturbations humaines dans les aires protégées du nord Togo

Abstract

La recherche scientifique de base sur les aires protégées du Nord Togo est fondamentale à tous les niveaux dans le cadre de la gestion durable des ressources disponibles. Connaissant les changements qui se sont produits dans l’affectation et l’utilisation des terres, il serait inutile de rappeler que la maitrise l’état actuel de la couverture des sols est crucial pour déterminer rapidement les zones qui doivent faire l’objet d’une attention à travers les différents programmes de conservation et de restauration des terres. Connaitre et maitriser la distribution de la flore ainsi que les facteurs environnementaux inhérents à cette distribution, est importante pour la conservation et l'aménagement des paysages végétaux. L'analyse phytogéographique des espèces végétales est très utile pour déduire de la géographie, l'origine des espèces dans le milieu, impliquant quelques fois le rôle joué par l'humain. L’état de la composante arborescent et son appréhension sont également essentiels pour comprendre la répartition des âges des espèces ligneuses. Cependant l’évaluation des activités anthropogènes et leur compréhension est plus que nécessaire pour réussir les différents plans de surveillance et de gestion des écosystème protégés dans le cadre global de leur gestion durable. Plusieurs objectifs ont orienté la réalisation de cette thèse. Parmi ceux-ci le premier a eu pour premier objectif d'analyser et interpréter la couverture des sols et les changements qui se sont opérés dans l’utilisation de ces derniers au cours des 20 dernières années par le biais des images Landsat. En suite de traiter floristiquement les données issues de l’inventaire floristique des trois aires protégées par le biais du concept phytosociologique de Braun Blanquet. Suivis de l’analyse de la végétation boisée des trois aires protégées en employant la méthode communément utilisée en phytosociologie. Il a visé également à comprendre la distribution des classes d'âge au sein des espèces ligneuses. En fin d'évaluer les principales activités humaines qui affectent l'intégrité de la végétation des trois aires protégées afin de suggérer des recommandations pour une bonne planification dans la gestion de ces écosystèmes. Sur la base de la méthode de RGB NDVI associée à la classification non supervisée, des images Landsat couvrant trois périodes ont été analysées pour produire la carte des changements d'utilisation des terres tandis que la classification dirigée a été appliquée à l’image Landsat de 2007 en utilisant la technique de la classification de maximum de vraisemblance (MLC) pour générer la carte de couverture du sol. Apres analyse et interprétation des images Landsat, la classification et la description des principaux groupements végétaux basés sur la composition spécifique ont été appliquées aux 170 relevés. La DCA (Detrended Correspondence Analyses) des 170 relevés ont conduit à l'identification de cinq groupements principaux suivant un gradient d'humidité croissant. De la classification hiérarchique du groupement mosaïque G3, est issues trois sous-groupements végétaux. Les sept communautés végétales définie, ont été soumises aux calculs de leur INDVAL (valeur d'indicatrice) pour déterminer les espèces indicatrices. Une approche méthodologique par classification hiérarchique a été appliquée aux matrices générées après le prétraitement des données obtenues lors de l’inventaire forestier pour identifier les groupements ligneux par aires protégées suivis de l'ordination en gradient direct. Les facteurs de perturbation, principalement ceux issues des activités anthropogènes ont été relevées par la méthode d’échantillonnage orientée en rapport avec les différents types de couverture du sol définis grâce la carte de couverture des sols. Neuf couleurs correspondent aux changements qui se sont produits dans les trois aires protégées durant les 20 dernières années. Ces changements sont liés à l’exploitation, à la croissance de la végétation, suivie de sa dégradation. Les changements sont très prononcés dans la plupart des écosystèmes présents dans ces aires protégées, cependant les forêts galeries des zones bien protégées semblent ne pas être soumises aux changements majeurs. Malgré les difficultés pour établir les différents types de couverture des sols dans les trois aires protégées ainsi que la confusion entre certains composants de la végétation. Sept différentes classes de couverture du sol ont été définies et la classification pour générer la carte d’occupation du sol s’est révélée satisfaisante. Dans ce sens l'exactitude globale de la classification et l'index statistique de Kappa est respectivement égale à 72.51% et à 0.67. Ce chapitre révèle que la pression anthropique est importante sur ces trois aires protégées, en particulier celle de Barkoissi qui est occupé plus par les parcs agroforestiers, des jachères et des champs. Il indique également que les forêts ripicoles qui semblent être une végétation bien conservée ; ne le sont guerre et sont soumises à diverses perturbations. Pour l’ensemble des groupements végétaux, 274 espèces sont reparties entre 247 genres et 63 familles. L'étude confirme par l'analyse des types phytogéographique que la zone d’étude fait partie intégrante des régions tropicale Soudanienne mais l'importance relative des espèces Guinéo- Congolaise et Soudano- Congolaise impliquent et expriment également la disponibilité en eau dans le milieu favorable à l'établissement d'écosystème de forestier. Cette disponibilité en eau qui s’exprime par le gradient d'humidité explique le taux élevé de phanerophytes qui donne un caractère boisé au milieu. La Phytosociologie et la Phytogeography s'avèrent être deux approches complémentaires pour expliquer la distribution des espèces au sein d’une végétation et les facteurs qui influencent cette distribution. Parmi celle-ci l’une des activités humaines tel que l'introduction d’espèces exotiques peut être mentionnée. L'étude signale une nouvelle espèce pour la flore du Togo, celle-ci concerne Strelizia reginae Banks ex Aiton qui a été introduit au Togo. Pour l’ensemble des trois aires protégées douze groupements végétaux ligneux ont pu être établie sur la base de la composition floristique. L'indice d'INDVAL a été calculé pour chaque groupement pour déterminer les espèces indicatrices. L'analyse canonique de Correspondance (CCA) a confirmée également que la distribution des espèces dépend de la disponibilité en eau associé à l’impact des activités humaines. Cette disponibilité en eau est confirmée par le regroupement sur l’axe 1 des relevés ayant plus d’espèces lianescentes indiquant alors une végétation boisée en reconstitution. Pour l’ensemble des douze groupements boisés 68 espèces appartenant à 47 genres et 25 familles ont été déterminées. Comme type biologique les phanerophytes sont dominantes, cependant les espèces Soudano-Zambéziennes représentent le type phytogéographique majeur. Le milieu est dominé par les savanes arbustives ce qui expliquerait la faiblesse des paramètres dendrométriques. Bien que les paramètres dendrométriques dans ces écosystèmes soient relativement faible comparés à ceux évoluant sous le climat tropical guinéen ; la proportion élevée d’individus juvéniles suggère un dynamique équilibré dans la régénération naturelle des communautés végétales de ces zones. IX RESUME Les prétraitements des 220 échantillons ont permis de définir huit perturbations majeures parmi lesquelles le pâturage 31.88%, la coupe de bois 30.35% et les feux 30.13% occupent une place importante dans le maintien et la dégradation des écosystèmes surtout savanicoles. Le chapitre confirme que les savanes arbustives et arborées présentent un degré de perturbation élevé et que toutes les perturbations énumérées s’y trouvent et confirmées par les sondés rencontrées à l’intérieur des aires protégées. Les activités anthropogènes mentionnées semblent perturber séparément les aires protégées, mais leurs actions et impacts sur l'intégrité des écosystèmes sont interdépendants. Certaines perturbations sont considérées comme faisant partie intégrante des activités socio-économiques des personnes qui y vivent dans le milieu. Cette étude dans l’ensemble pourrait être un outil de base pour les planificateurs et aménageurs dans les cadres suivants. Au plan local ou régional, il serait utile dans les programmes d'aménagement durable aires protégées surtout ceux du nord Togo. Pour programmer ou planifier les activités anthropogènes et de pourrait être très important lors de l'application du plan de gestion concertée des aires protégées.