La valorisation du patrimoine culturel immatériel, un enjeu de développement local : cas de la culture mandingue de la commune de Mbour au Sénégal

Abstract

Les Mandingues de la ville de Mbour, sur la Petite-Côte, originaires de la Sénégambie du Sud, sont venus s’installer progressivement sur cette partie du Sénégal à partir de la chute du royaume du Gaabu dans la seconde moitié du XIXe siècle. Dans leur nouvel habitat, de plus en plus urbanisé et cosmopolite, ils ont dû faire face au défi de l’adaptation. Aujourd’hui, le riche patrimoine culturel des Mandingues de Mbour, dont seul l’aspect folklorique est perçu par le profane, cache des symboles et des messages que seuls les initiés sont capables de décoder. Ainsi, les chants, les notes des instruments de musique, les danses, les costumes et les proverbes, constituent dans leur ensemble une vraie encyclopédie renfermant l’âme de la communauté que perpétue Kankourang qui est son mode d’initiation. Le masque appelé aussi Kankourang est le protecteur de la case d’initiation en sauvegardant les jeunes initiés très vulnérables lors de la période de transition symbolique qui consacre le passage de l’enfant à la vie d’homme. A l’origine, les circoncis, isolés dans le bois sacré à la fin des récoltes, recevaient de la part de leurs ainés, sous la supervision des anciens, des connaissances et savoir-faire propres à la communauté. Aujourd’hui, on a un transfert d’un mode de vie villageois avec des retraites initiatiques en brousse pendant au moins trois mois, vers une existence urbaine et moderne qui exige l’implantation de maisons d’initiation éparpillées un peu partout dans la ville. En outre, la cérémonie s’est adaptée aussi au calendrier scolaire et s’organise au mois de septembre. Tout ceci s’est fait au dépend d’une grande partie du patrimoine culturel des auteurs. L’unicité et la valeur universelle exceptionnelle de la manifestation du Kankourang lui ont valu d’être classé patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco depuis 2008. A l’heure où les scientifiques réfléchissent sur la culture et le développement, il est possible de ressusciter le bagage culturel des communautés pour en faire un élément du développement durable. Mbour, une ville à côté de la station balnéaire de Saly, la plus grande de l’Afrique de l’Ouest, avec une explosion démographique sans précédent et une diversité culturelle remarquable gagnerait à s’essayer au développement par la culture. C’est pourquoi l’étude de la culture mandingue est l’occasion de repérer des éléments du patrimoine en péril ou pas, dans le respect de la sacralité pour une réutilisation dans un complexe culturel digne de ce nom à Mbour. Ce complexe culturel proposé sera un lieu d’unité dans la diversité, une vitrine culturelle mais également un lieu d’expression vivante des talents. Ainsi nous pourrions ébaucher un développement local soutenu à travers une intégration des différents secteurs en vue d’avoir des retombées positives sur les populations locales par une approche systémique avec la culture comme entrée.

Mandingos from the town of Mbour on the Petite Côte originating in Southern Senegambia progressively came to settle in this part of Senegal from the collapse of the kingdom of Gaabu in the second half of the nineteenth century. In their new habitat, increasingly urbanized and cosmopolitan, they met with the challenge of adaptation. Nowadays, the rich cultural heritage of the Mandingos from Mbour, of which only the folkloric aspect is seen by laypersons, hides symbols and messages that only insiders are able to decode. Thus, songs, notes of musical instruments, dances, costumes, proverbs, together constitute a real encyclopedia containing the soul of the community that transmission by means of initiation called Kankourang is continuing. The mask also called Kankourang is the protector of the initiation hut by safeguarding young initiates who are very vulnerable during the symbolic transition period that devotes the child to man's life. Originally, the circumcised isolated in the sacred forest at the end of harvests received from their elders, under the supervision of the ancients, knowledge and expertise specific to the community. Now, we have a transfer of the village lifestyle with initiatory retreats into the bush for at least three months to an urban and modern living which requires the settlement of scattered initiation houses throughout the city. The ceremony is also adapted to the academic calendar and is organized in September. All this is done at the expense of a large part of the cultural heritage of the authors. Thanks to the singularity and the outstanding universal value of the Kankourang cultural event, it has been designated as Intangible Cultural Heritage of Humanity by UNESCO since 2008. At a time when scientists think about culture and development, it is possible to revive the cultural background of the communities to make it an even more important element of sustainable development. Mbour, a town next to the seaside resort of Saly, the largest in West Africa, with an unprecedented demographic explosion and an outstanding cultural diversity, would be well advised to try the development through culture. The study of the Mandingo culture is an opportunity to identify heritage elements which are whether at risk or not in compliance with the sacredness for reuse within a cultural complex worthy of the name in Mbour. This cultural complex will be a place of unity within diversity, a cultural showcase but also a place for living expression of abilities. So, we could draft a sustained local development through an integration of different sectors in order