Dynamique d’occupation des terres dans un écosystème soumis à l’exploitation minière cas de l’or dans la commune de Sabcé, Burkina Faso

Abstract

L’exploitation minière en Afrique de l’Ouest en général et particulièrement au Burkina Faso connait une progression sans précédent. Elle génère beaucoup de devises pour l’économie nationale et aussi contribue au développement socio-économique à travers les infrastructures et les emplois créés dans les localités d’accueil des industries. Cependant, la conciliation entre l’exploitation minière et les exigences du développement durable représente un défi pour l’ensemble des parties prenantes car l’économie prend généralement le pas sur les considérations environnementales et sociales qui sont, elles aussi, des piliers du développement durable. L’exploitation minière, en effet, perturbe l’équilibre des écosystèmes à travers des impacts sur la dynamique de l’occupation des terres et certains effets négatifs sur les populations locales. La présente étude a été menée dans la commune de Sabcé au Centre-Nord du Burkina Faso, qui abrite la société Bissa Gold SA, une société d’exploitation industrielle de l’or. Elle avait pour objectif principal de générer des connaissances pour permettre de concevoir des stratégies efficaces de restauration des terres dégradées dans un contexte d’exploitation de l’or. Le travail a consisté d’abord à étudier la dynamique de l’occupation des terres à travers une analyse d’images satellitaires Landsat de 1988 à 2014, des dates qui encadraient les débuts d’exploitation (artisanale d’abord et ensuite industrielle). Il était aussi question, à travers des enquêtes terrains, d’investiguer les perceptions locales sur les effets de l’exploitation de l’or et les potentialités sociales de restauration des terres dégradées. Les résultats montrent que l’occupation des terres dans la commune de Sabcé connait une dynamique progressive ou régressive de 1988 à 2011 (en fonction des types d’unités) mais semble avoir des interrelations avec l’installation de la mine industrielle et on observe qu’entre 2011 et 2014 il y a eu une régression des savanes arborées/ arbustives, des savanes herbeuses et des zones nues, contre une progression des champs et du plan d’eau. A travers les enquêtes, il ressort que les effets de l’exploitation minière sont perçus diversement : la population retient les apports en termes d’emplois, d’infrastructures scolaires et des formations à des métiers. En revanche, on observe que les pertes de terres agricoles et pâturages, la perte d’accès à des points d’eau, la réduction du couvert végétal, la perte de biodiversité et spécifiquement certaines espèces végétales utilitaires sont relevées. Aussi des effets socioculturels néfastes sont-t-ils décriés. Il a été noté qu’une bonne partie des enquêtés (60%) est moyennement satisfaite de la compensation financière reçue, alors que, pour les compensations en termes de logements une insatisfaction se dégage. Par ailleurs, pour la restauration des terres dégradées, les populations de Sabcé ont acquis des connaissances à travers des projets et programmes précédents et, elles sont aussi disposées à participer à d’éventuelles activités de restauration à travers des contributions de différentes natures.

Mining in West Africa in general and in Burkina Faso particularly is rapidly developing. It generates incomes for national economy and also contributes to socio-economic development through infrastructures and jobs being created in the localities where the companies operate. However conciliation between mining and the requirements of sustainable development is challenging for all stakeholder of the sector as the economic aspects is usually overtaking on the environmental and social aspects which are also pillars of sustainable development. Indeed, mining disturbs the equilibrium of ecosystems through impact on land cover change dynamics and certain negative effects on the local population. The current study was conducted in the Sabcé department in the Center-North of Burkina Faso where Bissa Gold SA, an industrial gold mining company operates. The main objective of the study was to contribute to generate knowledge that could help develop efficient strategies for restoring degraded lands in the context of mining. First, Landsat satellite images from 1988 to 2014 (dates covering the starts of traditional and industrial mining in the locality) were used to assess the land cover change dynamics. Moreover, surveys were made to investigate local perceptions on the effects of mining and also assess societal potentials (local knowledge and willingness to involve) for restoring degraded lands. The results showed that the different land cover types had different dynamics (increase or decrease) between 1988 and 2011 but seemed to have interrelation with existence of the industrial mining as we observed that between 2011 and 2014, shrub/tree savanna, grass savanna and nude soil covers decreased while crop field and water bodies increased. The surveys revealed that mining effects were perceived differently: some people agreed that mining offered job opportunities in the mine, school infrastructure and small jobs’ training. However, loss of agriculture fields and pasture lands, loss of access to water points, decrease of vegetation cover, loss of biodiversity and namely, loss of certain useful species were the main issues pointed out. Moreover, certain socio-cultural negative effects were also cited. It was noted that about 60% of the surveyed people thought that financial compensations received from the mining company (for people impacted by the activities) were on average satisfactory, but house compensation was not satisfactory. With regards to restoration of degraded lands, local people in Sabcé knew some technics learned from previous development projects and programs implemented in the department. They were also in favor of assisting with contributions of different nature to potential restoration initiatives coming to them.