Décentralisation et développement local durable: étude de la gestion des ressources forestières et du bois-énergie au Niger

Abstract

Au Niger, les populations rurales et urbaines sont fortement dépendantes des ressources forestières couvrant 10% de la superficie totale du pays. Ces ressources, constituent la principale source d’énergie pour 98% des ménages. Or les modifications climatiques liées aux sécheresses récurrentes de ces dernières décennies ont fragilisé les écosystèmes, réduit les potentiels agricoles et augmenté la pression des populations sur ces ressources pour la conquête d'espaces de cultures ou à des fins de production de bois-énergie. Jusqu'à une date encore récente, l'exploitation de ces ressources forestières était soumise à une réglementation héritée de la période coloniale. Cette réglementation accordait très peu de place aux populations dans la gestion, ne leur reconnaissant que certains droits très limités. L'appartenance des ressources forestières à l'État et l’appropriation des taxes tirées de leur exploitation sans autre forme de compensation ont poussé les populations riveraines vers une exploitation abusive de ces ressources. La réglementation sur les forêts n'est plus respectée et les ressources forestières sont laissées à elles mêmes car les populations rurales ne se sentent pas concernées vis-à-vis de leur gestion. Comment alors concilier les désirs de la satisfaction des besoins des populations en bois-énergie avec les objectifs d’une gestion durable des ressources forestières déjà dégradées tout en préservant leur intégrité tant en qualité qu’en terme de superficie? C'est toute la question à laquelle entend répondre ce mémoire dont le thème est "Décentralisation et développement local durable: Étude de la gestion des ressources forestières et du bois-énergie au Niger ". Le travail porte sur le changement radical introduit ces dernières années par la mise en oeuvre de méthodes simplifiées d'aménagement forestier basées sur la responsabilisation des communautés à la base, permettant une décentralisation de la gestion des ressources forestières au niveau local. Cette méthode, appelée "Stratégie Énergie Domestique", a d'abord été testée par des projets de développement avant d'être adoptée par l'État comme politique nationale de gestion des ressources forestières. Le travail a été mené sur la base de renseignements collectés directement sur le terrain ainsi qu’au niveau des structures de gestion des marchés ruraux de bois-énergie. Un travail bibliographique nous a permis de compléter ces données. Sont tout d'abord présentés les impacts de la "Stratégie Énergie domestique" en matière de gestion des ressources forestières, de lutte contre la pauvreté, de bonne gouvernance et de décentralisation, ensuite sont analysés les enjeux liés à la mise en oeuvre de cette stratégie par les populations locales. Actuellement, l’approvisionnement en bois-énergie des principaux centres urbains se fait de manière régulière et le prix du bois a même baissé contrairement à tous les pronostics. Les formations forestières sous aménagement local ne souffrent pas de dégradation liée à l’exploitation par les marchés ruraux. De plus la ruée vers l’exploitation abusive sans souci de pérennité que craignait certains agents de l’administration forestière, n’a pas eu lieu. Néanmoins des limites sont très vite apparues dont les principales restent entre autres la satisfaction des besoins fondamentaux urgents des populations rurales grâce au revenu tiré de la vente de bois-énergie, la manque de souci de pérennité de la ressource, une motivation prononcée des populations pour les revenus tirés des marchés ruraux, ….