Émaciation chez les enfants de 6-59 mois dans le district de Goundam à Tombouctou, Mali en 2018

Abstract

Introduction Au Mali, comme dans la plupart des pays en développement, l’émaciation est une forme de dénutrition qui reste l’une des causes les plus courantes de morbidité et de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans. Les raisons de la persistance d’une prévalence élevée d’émaciation sont encore mal comprises. Objectifs Cette étude visait à estimer l’association de l’émaciation avec divers facteurs sociodémographiques, connaissances et pratiques de soins de santé et d’alimentation chez des enfants de 6 à 59 mois dans le district sanitaire de Goundam (région de Tombouctou). Méthodes Une enquête transversale au niveau de 7 aires de santé du district a été menée du 20 mai au 31 juillet 2018 sur un échantillon de convenance de 531 enfants et de leurs 349 mères enquêtés lors des consultations externes des centres de santé dans 7 communes tirées au sort. Des mesures anthropométriques et des questionnaires structurés ont été utilisés pour collecter les données. L’émaciation globale a été définie par un poids en fonction de la taille (P-T) <-2 Z-score du standard de croissance de l’OMS et l’émaciation sévère par un P-T <-3 Z-score. Les relations ajustées entre l’émaciation globale ou sévère et les différents facteurs étudiés ont été estimées par des modèles de régression logistique, et quantifiées par des odds ratio (OR) à l’aide de STATA version 14.0. Résultats 22,4 % des enfants de l’échantillon étaient atteints d’émaciation dont 9,6 % par des formes sévères ; 32,9 % des mères étaient en surpoids. Après ajustement, le risque d’émaciation globale est plus élevé chez les enfants de rang 1 et chez ceux de l’ethnie Sonrhaï. Le risque d’émaciation sévère est également plus élevé chez les enfants Sonrhaï, chez ceux dont la mère a sevré son dernier enfant avant 24 mois, et de manière paradoxale chez ceux qui ont suivi des consultations pour enfant sain. Le risque d’émaciation sévère est plus faible chez les enfants dont la mère est alphabétisée et chez ceux qui ont reçu des aliments de complément au lait maternel entre 6 et 11 mois ; mais aussi de façon apparemment paradoxale chez ceux dont la mère a suivi moins de 3 consultations prénatales pendant sa dernière grossesse et chez ceux dont la mère donne moins de 4 repas par jour aux enfants de 6-59 mois. Conclusion Les facteurs qui ont été trouvés associés à l’émaciation pourraient contribuer à aider à la mise en oeuvre d’actions préventives durables, l’étude de certaines associations devrait cependant être approfondie de même que la question du double fardeau nutritionnel.

In Mali, as in most developing countries, wasting is a form of undernutrition that remains one of the most common causes of morbidity and mortality among children under five. The reasons for the persistence of a high prevalence of wasting are still poorly understood. The purpose of this study was to estimate the association of wasting with various socio-demographic factors, knowledge and practices in health care and nutrition for children aged 6 to 59 months in the Goundam health district (Timbuktu region). A cross-sectional survey at the level of 7 health areas in the district was conducted from 20 May to 31 July 2018 on a convenience sample of 531 children and their 349 mothers surveyed during the external consultations of health centers in 7 communes selected at random. Anthropometric measurements and structured questionnaires were used to collect the data. Overall wasting was defined by a weight as a function of height (P-T) <-2 Z-score of the WHO growth standard and severe wasting by a P-T <-3 Z-score. The adjusted relationships between overall or severe wasting and the various factors studied were estimated by logistic regression models, and quantified by odds ratios (OR) using STATA version 14.0. 22.4 % of the children in the sample had wasting, 9.6 % of whom had severe forms; 32.9% of mothers were overweight. After adjustment, the risk of overall wasting is higher among children of rank 1 and Songhai ethnicity. The risk of severe wasting is also higher among Songhai children, those whose mothers weaned their last child before 24 months of age, and paradoxically among those who attended healthy child consultations. The risk of severe wasting is lower among children whose mothers are literate and those who have received complementary foods to breast milk between 6 and 11 months of age; but also in an apparently paradoxical way among those whose mothers had fewer than 3 prenatal consultations during their last pregnancy and among those whose mothers give less than 4 meals a day to children aged 6-59 months. Conclusion The factors that have been found to be associated with wasting could contribute to the implementation of sustainable preventive actions, however, the study of some associations should be further explored as well as the issue of double nutritional burden.