Contribution des mutuelles de santé dans l'accès aux soins au Bénin : mythe ou réalité

Abstract

Plus de 80% de la population béninoise ne bénéficient d’aucune protection sociale. Des systèmes de mutualisation ont été mises en place pour faciliter l’accès aux services de soins d’un point de vu financier. Cependant il est difficile de mesurer leur contribution effective dans l’accès équitable aux soins des populations défavorisées. Dans une étude transversale descriptive menée à Parakou au Nord-Bénin, nous avons exploré les facteurs d’exclusion des populations de ces mutuelles de santé à travers le profil des individus, la dynamique sociale et les insuffisances organisationnelles des mutuelles. Cinquante patients de trois centres de santé parmi les dix du réseau de soins coordonnés tirés au hasard ont été sélectionnés pour des entretiens individuels et deux focus group, d’une part avec des adhérents (n=9) et des non-adhérents (n=12) d’autre part. Cette étude montre que le profil des membres des mutuelles correspond à la classe moyenne inférieure ou pauvre supérieure. Les adultes jeunes de moins de 35 ans, particulièrement les femmes et les célibataires, les ménages de grande taille, à revenu faible, constituent une sous-population exclue des mutuelles de santé. La dynamique de groupe basée sur les initiatives d’entraide locale, le sentiment d’appartenance au groupe et la confiance aux comités de gestion des mutuelles, est nécessaire pour encourager la participation de la majorité aux systèmes de mutualisation. Les actions de sensibilisation des mutuelles sont inadaptées aux cibles ne tenant pas compte du contexte socio-économique de ces dernières. Le taux de pénétration des mutuelles reste faible. Cette situation menace la viabilité même des mutuelles dont l’impact dans l‘accès équitable aux soins de santé reste marginal. Les mutuelles de santé semblent reproduire les inégalités sociales en matière de santé. Rendre obligatoire l’adhésion peut permettre de faire participer un plus grand nombre et des stratégies innovantes doivent être mises en place pour enrôler les plus démunis.

More than 80% of Benin population does not have any social protection. Mutual health organizations (MHOs) have been created to increase financial access to healthcare. However their contributions toward underprivileged populations for equity access healthcare seem to be very poor. In a descriptive and transversal study in Parakou in northern Benin, we studied the determinants of exclusion of marginalized populations through the profile of membership, the social dynamics and mutual organizational shortcomings. From three facilities chosen by randomization among the ten in the “Réseau des Soins Coordonnés”, 50 patients were selected. Individual interviews and focus group were conducted with registered members (n=9) and non-registered members (n=12). This study showed that the member’s profile of MHOs registered members’ profile matches with the “lower middle class”. People under 35 years old, particularly women and single, large households, with low income, are excluded sub-populations from MHOs. Group dynamic based on local mutual assistance initiatives, the membership feeling and the trust in the scheme management committee is necessary to encourage more people for joining MHOs. The sensitization actions of MHOs did not cover the targeted groups, because of the non-consideration of their socioeconomic context. The MHOs adhesion rate remains low and this threatens its viability. The MHOs implementation impact remains poor and it seems to create social inequalities in healthcare delivery. Making MHOs adhesion compulsory can be an alternative for membership of more people. And innovative strategies are necessary to enroll poor people.