Connaissances, attitudes et pratiques des détenus hommes face au VIH/Sida à la prison de Ouagadougou au Burkina Faso

Abstract

Au total 165 détenus ont été interviewés: âge médian 28 ans, 45% d’analphabètes, 49% mariés. Durée médiane en prison : 19 mois. Une faible proportion des détenus (16%) avait une bonne connaissance des modes de transmission du VIH, les croyances erronées étaient très fréquentes (58% pensaient que les piqures de moustiques transmettent le VIH). Aussi, la majorité(80%) des prisonniers était intolérante à l’égard des séropositifs(facteurs de risque: provenance du milieu rural et illettrisme p<0.05). Avant l’incarcération, leur vie sexuelle était marquée par le multi partenariat sexuel occasionnel élevé et la faible utilisation du préservatif. Pendant leur séjour en prison, 4 % des détenus ont déclaré avoir eu des relations homosexuelles. On constate un déni des pratiques homosexuelles par les détenus et l’administration pénitentiaire avec pour conséquence une absence de mesures de prévention prises par les autorités. Près de 49% des prisonniers ont partagé des lames ou rasoirs. Aucun enquêté n’a déclaré l’usage de drogues injectables et de tatouage en prison. Une proportion de 6% a été sensibilisée sur le VIH/Sida pendant l’incarcération. Aussi note-t-on que les préservatifs ne sont pas disponibles et 5% ont réalisé leur test de dépistage en prison. Conclusion Les conditions d’incarcération et le déni des pratiques homosexuelles à Ouagadougou aggravent la vulnérabilité des détenus face au VIH/Sida. La mise en place d'un programme de prévention et de prise en charge du VIH permettrait de réduire considérablement les risques de transmission parmi les prisonniers, mais aussi la discrimination vis-à-vis des détenus déjà atteints.