Epidémiologie de la malnutrition : deux nouveaux outils pour la mesure du statut anthropométrique et de l’alimentation de l’enfant, effet sur l’évaluation de la situation au Niger

Abstract

Entre 2001 et 2006, l’OMS a établi un nouveau standard et des nouveaux indicateurs pour évaluer la croissance et l’alimentation des enfants de moins de 5 ans afin de remplacer les anciens. Dans cette recherche, nous avons étudié les effets engendrés par le passage de l’ancienne référence au nouveau standard international de croissance sur des données récentes du Niger, pays au devant de la scène internationale concernant la malnutrition infantile. En outre, nous avons étendu les recherches en analysant le mode d’alimentation des jeunes enfants avec les nouveaux indicateurs pour faire la relation avec l’état nutritionnel. Il apparait que les prévalences de la maigreur et du retard de taille ont tendance à augmenter de façon disproportionnée selon les tranches d’âges et le sexe à l’exception de certaines tranches, par contre, les prévalences d’insuffisance pondérale sont inférieures avec le nouveau standard. L’insuffisance pondérale apparaît comme un indicateur complexe et difficile à interpréter avec le nouveau standard. Ces changements ont permis de confirmer les nouveaux groupes à risques de malnutrition : les enfants de moins de 2 ans, ce qui n’a pas toujours été le cas dans les pays en voie de développement. Malgré ces différences, on est arrivé à une même conclusion : pas d’évolution de la situation nutritionnelle des enfants de 6 à 59 mois entre 2006 et 2007. Les modifications observées au niveau régional montrent une augmentation de la vulnérabilité de certaines régions qui semblaient être épargnées par la malnutrition. L’algorithme de conversion des résultats de prévalences préalablement obtenus avec l'ancienne référence semble un outil fiable qui donne des estimations très proches de celles calculées avec le nouveau standard pour la maigreur et le retard de taille. Par contre, les estimations d’insuffisance pondérale sont plus éloignées de celles calculées avec le nouveau standard. Un autre fait notable est que les nouvelles normes de croissance entrainent une réduction significative des cas de maigreurs basés sur l'indice exprimé en pourcentage de la médiane, avec comme possible conséquence opérationnelle une diminution des admissions dans les programmes de prise en charge d'enfants malnutris. Concernant l’évaluation de l’alimentation de l’enfant, le changement d’indicateurs a beaucoup d’effet sur la description des facteurs de l’alimentation et témoigne de l’insuffisance des interventions durant les périodes précoces de la vie au Niger. Au regard de ces résultats, nous retiendrons que l’utilisation des nouvelles normes de croissance de l’enfant et les indicateurs de l’alimentation sont une priorité pour chaque pays, mais nécessite un certain nombre de mesures d’accompagnements des Gouvernements, de l’OMS ainsi que toutes les institutions impliquées. Des actions de sensibilisation sur les implications du nouveau standard sur l'évaluation de la situation nutritionnelle restent incontournables.

Between 2001 and 2006, WHO published a new standard and new indicators to evaluate the growth and nutrition of children under 5 years to replace the old ones. In this research, we studied the effects caused by the passage of the former reference to the new international standard for growth on recent data from Niger, a country at the forefront in the international area regarding the child malnutrition. In addition, we have extended the research by analyzing the feeding with the new indicators in the relationship with nutritional status. Indeed, it was clear that the prevalence of wasting and stunting had trend to increase disproportionately with age and gender with the exception of some age brackets. Against by the underweight, the prevalence is lower with the new standard. Underweight indicator appears as a complex and difficult to interpret the new standard. These changes have confirmed the new groups at risk of malnutrition: children under 2 years, which has not always been the case in developing countries. Despite these differences, it has reached the same conclusion: no changes in the nutritional status of children 6 to 59 months between the 3 surveys. The changes observed at the regional level, have increased or highlighting the vulnerability of certain areas which seem to be affected by malnutrition. The conversion of algorithm seems to be a reliable tool that provides estimates very close to those of the new standard for wasting and the stunting. In other hand, the estimates are more distant from those of the new standard for underweight. Another notable feature, the new growth standards have led to significant reduction of cases of thinness as a percentage of the median, hence a reduction in admissions to programs of care. Concerning the assessment of infant feeding, the change of indicators has much effect on the description of the factors of nutrition and demonstrates the lack of interventions during the early periods of life in Niger. In view of these results, we retain that the use of new standards for child growth and indicators of food are a priority for every country, but requires a number of accompanying measures of the governments, the WHO and all the institutions involved. Campaigns to raise awareness about the implications of the new standard on the nutritional situation remain unavoidable