Evaluation de la qualité d’une intervention nutritionnelle destinée à améliorer la santé et le statut en micronutriments des enfants et des femmes au Sénégal : le programme MICAH

Abstract

La dénutrition demeure un problème de santé publique au Sénégal. Les zones rurales, les enfants et les femmes enceintes sont particulièrement les plus affectés. La faible réduction de cette dénutrition, malgré trois décennies d’interventions nutritionnelles, nous pousse à remettre en cause la qualité de ces interventions. C’est pourquoi notre objectif principal est d’évaluer la qualité d’une intervention destinée à améliorer le statut sanitaire et en micronutriments des enfants et des femmes au Sénégal en passant en revue ses points forts et faibles afin de développer un système de gestion de la qualité. Notre étude s’appuie sur la recherche documentaire, l’analyse de la banque de données du projet, des entretiens avec des acteurs du projet, des observations directes et une enquête sur la satisfaction des bénéficiaires. L’évaluation de la qualité est focalisée sur les éléments de structure, de processus et les résultats suivant une grille d’indicateurs de qualité. Les résultats de notre analyse montrent que les principaux points forts de cette intervention nutritionnelle sont : la qualité des relations interpersonnelles, l’existence des procédures préétablis (normes et guides), la satisfaction des bénéficiaires, la bonne accessibilité des services, la très bonne couverture de la population cible par les activités, une amélioration de la diversification alimentaire et des soins de santé maternelle et infantile, une réduction significative de l’émaciation et retard de croissance pondérale des enfants. Cependant les faiblesses majeures observées sont : le manque de nutritionniste dans les ressources humaines, la faible motivation des relais communautaires, la faiblesse du système de suivi et de supervision, la faible participation communautaire dans la planification et l’évaluation des activités, la faible qualité technique du suivi et promotion de croissance, la faible réduction des prévalences d’anémie, de la carence en vitamine A et en iode, les incertitudes de la pérennisation des acquis du projet. Enfin l’analyse globale du projet montre que ses objectifs spécifiques fixés et ses stratégies adoptées sont très louables mais le temps d’exécution des activités était trop court (2 ans) pour une bonne réalisation de ces objectifs. Néanmoins nous pouvons déduire que le projet a bien amorcé le succès de la qualité dans son exécution. C’est pourquoi, pour renforcer ce succès de qualité, nous proposons l’intégration, dans le projet, d’un programme de gestion de la qualité de 5 ans et qui sera basé sur : la formation en gestion de la qualité, l’établissement de normes adaptées de qualité, le renforcement de la communication, du système de suivisupervision et de la collaboration intersectorielle. Ce programme utilisera les structures existantes avec une réorganisation permettant le travail en équipe à tout niveau. Les principaux résultats attendus de ce programme sont : le renforcement de la qualité technique des services, de la communication et de la participation communautaire, l’augmentation de l’efficacité et de l’efficience du projet, de sa pérennité et un large partage des bonnes expériences du programme au niveau national et international