L’hésitation vaccinale et ses déterminants chez les parents d’enfants de moins de cinq ans dans la ville de Gao, au Mali en 2021

Abstract

Depuis le début de la vaccination, des groupes s’y étaient opposés. Ce refus a persisté mais dans des groupes de personnes ou communautés peu nombreuses. Les dernières décennies avec l’avènement d’internet, des réseaux sociaux, les modes de communications se sont multipliés et le message s’est étendu à des territoires qui jusque-là acceptaient la vaccination. Vu l’ampleur de la situation, l’OMS a classé l’hésitation vaccinale parmi les 10 menaces pour la santé publique au niveau mondial. Elle a mis en place le Strategic Advisory Group of Experts (SAGE), qui a défini « l’hésitation vaccinale » par un « retard à l’acceptation d’un vaccin ou son refus, malgré une facilité d’accès ». Méthodologie : Il s’agit d’une étude transversale descriptive, réalisée de Mars à Aout 2021 dans la ville de Gao, district sanitaire de Gao, auprès de parents et gardiennes d’enfants âgés de moins de cinq ans. La ville de Gao, partie intégrante du district sanitaire de Gao est composée de six aires de santé couvrant les huit quartiers de la ville. L’objectif principal est d’étudier l’hésitation vaccinale chez les parents d’enfants de moins de cinq ans dans cette ville en 2021. Spécifiquement il s’agit, de déterminer la prévalence de l’hésitation vaccinale et d’énumérer ses déterminants dans la ville de Gao. Résultats : Au total, 384 personnes ont répondu à notre enquête et selon la définition du groupe de travail du SAGE, 9,11 % des parents étaient « hésitants vaccinaux ».Parmi les répondants, 48,57% [31,38- 66,01] ne pensaient pas que les vaccins soient sûrs et sont préoccupés par les effets secondaires ; 22,86% [10,42-40,14] hésitent parce que quelqu'un d'autre les avait informés que les vaccins n'étaient pas sûrs et 17,14% [6,56- 33,65] hésitent parce qu’ils ont entendu ou lu des avis négatifs (médias, entourage, personnels de santé). Il existe une association statistiquement significative entre « l’hésitation vaccinale » des parents et le fait d’avoir moins de 30 ans, le fait de ne pas être scolarisé ou d’avoir un niveau de scolarisation bas, au fait d’avoir moins de 3 enfants et l’accès à internet (réseaux sociaux). Conclusion : Cette étude nous a permis de comprendre le niveau de l’hésitation vaccinale et identifier ses déterminants socio-économiques et culturels. Il a permis de formuler des perspectives pour élaborer des politiques et stratégies de communication efficace afin de lutter contre le phénomène. En plus, il a permis de fournir des informations vérifiables sur le phénomène aux membres de la communauté scientifique. L’hésitation vaccinale est une réalité dans la ville de Gao, plus grande ville du nord du Mali, en proie à l’insécurité et aux occupations par des groupes armés séparatistes et par des extrémistes religieux (Groupes armées terroristes). Ses conséquences sur le statut vaccinal et l’apparition des épidémies doit être étudiée en profondeur ainsi que ses déterminants a travers des étude qualitative à plus grande échelle.