Facteurs associés à la faible couverture et pistes de renforcement de la vaccination au cours de la deuxième année de vie dans la région du Centre au Burkina Faso

Abstract

Introduction : La vaccination au cours de la deuxième année de vie de l’enfant a deux principaux avantages. Elle permet d’une part de renforcer l’immunité durant la petite enfance, de réduire les risques de flambés épidémiques de la rougeole, de la rubéole et de la méningite à méningocoque A ; et d’autre part de rattraper tous les autres vaccins que l’enfant n’a pas reçus au cours de sa première année de vie. Les couvertures de cette vaccination restent faibles et loin des objectifs du pays malgré sa mise en oeuvre depuis sept (7) ans au Burkina Faso. Cette étude a pour but de comprendre les déterminants communautaires et du système de santé des faibles couvertures et de recueillir des pistes de renforcement de la vaccination au cours de la deuxième année de vie. Méthodes : La méthode LQAS a été utilisée pour mener une enquête transversale de ménage auprès des mères d’enfants de 24 à 35 mois dans deux districts sanitaires de la région du Centre. Un échantillonnage en grappe à deux niveaux a été utilisé. Dix-huit formations sanitaires ont été sélectionnées de façon aléatoire puis dans chaque formation sanitaire 1 à 4 villages et secteurs ont été sélectionnés aléatoirement pour l’étude. Les ménages ont ensuite été visités pour recueillir les données. Dans les formations sanitaires sélectionnées, le responsable PEV et l’infirmier-chef de poste ont été interrogés sur la vaccination au cours de la deuxième année de vie. Il s’est agi d’une collecte mobile avec l’application ODK collect. Le logiciel Epi-info 7.2 a été utilisé pour les analyses de données. Résultats : Les données de 508 mères d’enfants de 24 à 35 mois et de 32 agents de santé responsables PEV et infirmiers chefs de poste ont été incluses dans les analyses. L’oubli de la vaccination de l’enfant, le manque de temps pour se rendre dans les formations sanitaires le jour de la vaccination, le long délai d’attente dans les formations sanitaires pour la vaccination et l’éloignement avec le centre de santé qui vaccine sont les raisons évoquées par les mères dont les enfants n’ont pas reçu le RR2 et le vaccin anti-méningocoque A dans respectivement 25,1 %, 23,3 %, 11,0 % et 11,0 %. Les multipares vaccinent plus leurs enfants au RR2 que les primipares (aORP = 2,4 et IC à 95 % = 1,5 - 4,0). Chez les agents de santé, les raisons majeures évoquées pour ne pas vacciner les enfants sont la rupture de vaccin dans 29,7 % et le nombre d’enfants insuffisant pour ouvrir un flacon de 10 doses de vaccin dans 18,5 % suivi de la maladie de l’enfant dans 16,7 %. Les appels téléphoniques, les messages textes et la visite à domicile d’un ASBC sont des moyens proposés par les mères et les agents de santé pour faire des rappels sur la vaccination des enfants. Conclusion : Cette étude a permis de comprendre les déterminants majeurs des faibles couvertures de la vaccination au cours de la deuxième année de vie au Burkina Faso ainsi que des solutions proposées pour renforcer cette vaccination. L’oubli de la date de vaccination et le manque de temps sont les déterminants les plus préoccupants chez les mères.

Introduction: Second year of life vaccination has two main advantages. On the one hand, it helps strengthen immunity during early childhood and reduce the risk of outbreaks of measles, rubella and meningococcal A meningitis; and on the other hand to catch up with any other vaccines that the child has not received in the first year of life. The coverage of this vaccination remains low and far from the targets of the country since its implementation for seven (7) years in Burkina Faso. This study aims to understand the community and health system determinants of low coverage and to collect avenues for strengthening immunization during the second year of life. Methods: The LQAS method was used to conduct a cross-sectional household survey of mothers of children aged 24 to 35 months in two health districts in the Central region. Two clusters sampling was used. Eighteen health facilities were randomly selected and then in each health facility 1 to 4 villages and sectors were randomly selected for the study. The households were visited to collect the data. In the selected health facilities, the EPI manager and health facilities manager were questioned about vaccination during the second year of life. Epi-info 7.2 software was used for the data analysis. Results: Data from 508 mothers of children aged 24 to 35 months and 32 health workers for EPI manager and health facilities manager were included in the analyzes. Forgetting to vaccinate the child, lack of time to go to health facilities on the day of vaccination, long waiting time in health facilities for vaccination and distance from the health center who vaccinates are the reasons given by mothers whose children did not receive RR2 and MCAV in 25.1%, 23.3%, 11.0% and 11.0% respectively. More children of multiparas vaccinated with RR2 than first-time mothers (aORP = 2,4 et IC à 95%=1,5 - 4,0). Among health workers, the major reasons given for not vaccinating children are vaccine failure in 29.6% and the insufficient of children number to open a 10-doses vial of vaccine in 18.5% followed by disease of the child in 16.7%. Phone calls, text messages and a home visit to a communities’ health workers are ways that mothers and health workers provide reminders about childhood immunizations. Conclusion: This study made it possible to understand the major determinants of low vaccination coverage during the second year of life in Burkina Faso as well as the solutions proposed to strengthen this vaccination. Forgetting the immunization date and lack of time are the most worrying determinants for mothers.