Déterminants de l’Allaitement Maternel Exclusif, analyse au camp des réfugiés de Djabal - à l’Est du Tchad

Abstract

Introduction : l’allaitement maternel est reconnu comme l’alimentation la plus sûre pour le nourrisson. La quasi-totalité des mères allaitent leurs enfants au sein, mais ne tiennent compte que faiblement des recommandations de l’OMS et de l’Unicef. De nombreux facteurs interfèrent dans l’application de ces recommandations. L’objectif de notre étude était de décrire les déterminants susceptibles d’interférer à la pratique de l’allaitement maternel exclusif au camp des réfugiés soudanais de Djabal. Méthodes : il s’agit d’une étude transversale descriptive à visée analytique sur une période de 6 mois, dans la structure sanitaire du camp des réfugiés soudanais de Djabal. Le questionnaire a permis d’interroger au total 192 femmes dont 87 enceintes et 105 allaitantes, parmi elles 14 ont été accompagnées par leurs époux. En outre, treize agents de santé qualifiés étaient également interrogés. L’encodage et l’analyse ont été faits par les logiciels Excel 2013, Epi-info 7.2 et Stata 12. L’analyse bi-variée et la régression logistique ont été appliquées pour l’analyse des données. Résultats : l’âge moyen de femmes enquêtées était de 26,43 ans avec des extrêmes de 16 ans et 45 ans. La quasi-totalité de ces femmes était mariée (92,19%) et cultivatrices (81,25%) ; 68,23% étaient non-scolarisées ; un quart des femmes ignorent que le colostrum est bon pour l’enfant et la majorité (68,75%) d’entre elles ne savent rien des avantages de l’allaitement exclusif pour la mère. Plus de trois-quarts des femmes étaient informées sur l’allaitement exclusif et les mères allaitantes affirmant pratiquer l’allaitement exclusif représentent 51,43% (dont 62,96% conduisent mal l’exclusivité de l’allaitement au sein). Les raisons les plus souvent évoquées sur la non-pratique de l’allaitement exclusif au sein étaient le climat chaud du milieu, l’insuffisance des moyens de subsistance et de ration alimentaire pour produire suffisamment de lait à l’enfant, mais aussi le refus de l’époux. Aucun agent de santé qualifié, toute catégorie confondue, n’est formé sur les bonnes pratiques d’allaitement du nourrisson et du jeune enfant. Les avantages de l’allaitement exclusif pour l’enfant sont connus de tout le personnel qualifié, mais près de trois-quarts (69,23%) ne les connaissent pas pour la mère. Il y’a une quasi inexistence d’outils et documents témoignant de la pratique ou des activités promotionnelles de ce type d’allaitement. La tranche d’âge de 20 à 30 ans, les mariées, cultivatrices et les non-scolarisées étaient favorables à l’allaitement exclusif. Conclusion : Notre étude a permis de classer trois niveaux de déterminants qui sont liés à la mère, à son entourage direct et au fonctionnement de la structure sanitaire. Elle montre aussi que la non-maîtrise du sujet par le personnel se répercute sur la qualité de