L’homme et sa terre au pays de Boko-Songho du XVIIe au début du XXIe siècle

Abstract

Le pays de Boko-Songho est une contrée de la Bouenza, située dans la Vallée du Niari. Sundi et Dondo, deux groupes ethnolinguistiques du groupe kongo, y cohabitent. Ici comme dans tout l’univers kongo, le statut juridique de la terre structure les rapports entre l’homme et la terre du groupe auquel il appartient. Intériorisé par l’ensemble de la société depuis les temps les plus anciens, ce code juridique règlementant le statut de la terre permet à l’homme libre, prince, mfumu, de s’affirmer souverain sur sa terre considérée à la fois comme bien sacré et assiette nourricière du groupe. Vision du monde solidement ancrée dans la conscience collective. A la fin du XIXe siècle, la mainmise de la colonisation française sur le Congo bouscule d’autorité la tradition. Elle introduit des principes d’un régime foncier qui vient se juxtaposer et se superposer à l’ancien, entrainant, par rapport au statut de la terre des indigènes, des ruptures lourdes de conséquences sur l’évolution de leurs sociétés : conflits entre l’Etat colonial et post colonial, désormais nouvel esprit tutélaire à l’échelle des communautés ethniques sous son autorité, et les propriétaires fonciers traditionnels pour qui l’Etat est un intrus ; conflits entre groupes dans les villages. Ces crises se produisent dans une société rebelle au changement, surtout lorsqu’il s’agit de la terre, mais où les bouleversements des mentalités induits par l’introduction de l’économie capitaliste donnent une importance nouvelle à certains produits de la terre jusque-là sans valeur marchande.