Dynamiques de la diversité ligneuse et des stocks de carbone dans les forêts denses semi-décidues de production du Cameroun : cas de la forêt communale de Dimako

Abstract

L’intérêt porté par le gouvernement camerounais pour une gestion écologiquement acceptable, économiquement viable et socialement équitable des forêts communales ne cesse de croître; au vu des menaces qui pèsent sur son potentiel floristique et les stocks de carbone. C’est grâce aux mesures visant la réduction de l’impact de l’exploitation forestière qu’il est possible d’envisager la conservation et/ou la restauration de la biodiversité. La présente étude à pour objectif de mettre en exergue l’évolution de la diversité végétale et des stocks de carbone au lendemain d’une exploitation industrielle du bois dans les Assiettes Annuelles de Coupe (AAC) d’âges différents dans la Forêt Communale de Dimako (FCD). Ceci dans l’optique de doter les décideurs d’outils de base pouvant contribuer à une gestion durable des ressources naturelles, en apportant des éléments de réponse aux questions de la mise en place de la REDD+ dans les forêts de production au Cameroun. La présente étude a été menée en mode diachronique et synchronique. Les données de terrain ont été collectées en janvier 2020. La dynamique de l’occupation au sein de la FCD a été mise en place à partir des images satellites des capteurs de la série Landsat Enhanced Thematic Mapper (ETM) (1984), ETM (2000) et Sentinelle 2A de 2015. Cette dernière est considérée comme années de référence. Pour caractériser les ligneux, un plan d’échantillonnage a été constitué de parcelles de 0,5 ha (250 m × 20 m), subdivisées en dix sous-parcelles de 25 m × 20 m pour l’inventaire de tous les arbres de diamètre à hauteur de poitrine (dhp = 1,30 m) supérieur ou égal à 10 cm. Trois quadrats de 10 m × 10 m ont été installés en début (0 m), au milieu (125 m) et à la fin (250 m) de chaque parcelle pour des inventaires des individus de dhp compris entre 5 et 10 cm. A l’intérieur de chaque quadrat de 10 m x 10 m, un sous-quadrats de 5 m x 5 m a été installé pour le comptage des tiges de 1 cm  dhp  5 cm. Les résultats obtenus ont permis d’identifier cinq unités d’occupation de sol en 1984 et 2000 et six unités d’occupation de sol en 2015. Les formations ligneuses représentent les catégories d’occupation de sol les plus dominantes. Le couvert forestier a régressé à une vitesse de -94,07 ha/an entre 1984 et 2000; par contre, suite aux actions de la commune tel que le reboisement, une progression de l’ordre de 100,59 ha/an a été observée entre 2000 et 2015. Il ressort de cette étude que l’exploitation forestière engendre des modifications sur la structure verticale et horizontale du paysage forestier. L’évolution des différentes assiettes révèle une réduction de 30,45 % d’espèces ligneuses, de 20 % de genres et de 14,28 % de familles entre l’Assiette Annuelle de Coupe (AAC6-3) non exploitée et l’AAC3-5. Entre l’assiette témoin et l’AAC2-5 la régression est de 15,15 % des espèces ligneuses, de 7,62 % de genres et de 12,94 % de familles. Ces valeurs sont de 1,78 %, 5,26 et -7,69 % respectivement pour les espèces ligneuses, les genres et les familles entre l’assiette témoin et l’AAC1-5. Pour les espèces inventoriées dans le cadre de la présente étude, trois catégories d’espèces menacées ont été observées dans l’assiette témoin (CR, VU et NT), deux catégories dans l’AAC1-5, dans l’AAC2-5 et dans l’AAC3-5 (VU et NT). L’évolution des stocks de carbone varie d’un compartiment à un autre. La régression des stocks de carbone aérien est plus accentuée dans l’AAC1-5 (19,10 %) suivi de l’AAC3-5(10,27 %) et enfin dans l’AAC2-5 (9,04 %). Les stocks de carbone maintenus sont similaires dans l’AAC2-5 et l’AAC3-5 et faible dans l’AAC1-5. Les analyses montrent que les stocks de carbone progressent avec le temps. La modélisation de la dynamique du stock exploitable dans les assiettes exploitées montre que les forêts exploitées sous plan d’aménagement ont tendance à se reconstituer jusqu’à 167,24 ans tandis que la rotation est limitée à 30 ans. La modélisation proposée dans les forêts de production montre que la gestion durable ne permettrait de limiter que marginalement les dégâts causés par l’exploitation forestière. Au regard des différentes analyses réalisées dans le cadre de cette étude, il n’est pas superflu de souligner l’importance de l’aménagement forestier dans le maintien et la reconstitution du couvert végétal et par ricochet la conservation de la biodiversité.