Dynamiques spatiales induites par la construction de l’autoroute Yaounde- Nsimalen en section rase-campagne

Abstract

Située dans la région du Centre, la ville de Yaoundé connait une urbanisation qui progresse du Centre vers les périphéries. Cette urbanisation nécessite la mise en place d’infrastructures, notamment les infrastructures de transport parmi lesquelles l’autoroute Yaoundé-Nsimalen. L’objectif principal de cette étude consiste à décrire et caractériser les dynamiques spatiales induites par la construction de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen en section rase campagne. Pour atteindre cet objectif, l’approche hypothético-déductive a été utilisée. Celle-ci va de la formulation des hypothèses de départ en vue de les infirmer ou affirmer grâce aux résultats obtenus. En plus des données de source secondaire, les données de source primaire ont été obtenues grâce aux enquêtes de terrain faites auprès des populations locales, pour un échantillon de 197 ménages qui étaient majoritairement des chefs de ménage résidents dans les quartiers sujets à l’étude et des entretiens, auprès de certaines personnes ressources, notamment les communes d’arrondissement chargées de l’urbanisme, des chefs et ingénieurs de la CCCC et des chefs services chargés de l’aménagement urbain au MINHDU. Cette étude a aussi nécessité une analyse diachronique de l’occupation du sol qui s’est faite grâce aux images satellites Landsat de 1987, 2000 et 2020 afin d’évaluer les changements d’occupation du sol survenus dans la zone d’étude. Les résultats obtenus révèlent que, les dynamiques spatiales engendrées par la construction de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen en section rase-campagne sont d’ordre qualitatives et quantitatives, car ayant affecté tant les populations que l’environnement naturel. Elle a provoqué une croissance du bâti de 46,75% entre 1987 et 2020 et 40,17% entre 2000 et 2020, s’accompagnant de l’amélioration du standing des logements et la hausse de la valeur foncière. Le couvert végétal, quant à lui, a connu une régression considérable de -20,35% pour la forêt secondaire jeune et - 27,32% pour la forêt secondaire adulte entre 1987 et 2020. En somme, la flore, la faune, l’hydrographie ont subi des impacts dus à la construction de l’autoroute ; ce qui a conduit à la destruction du couvert végétal et l’augmentation des surfaces bâties. Notons aussi que la construction de cette infrastructure a eu un impact sur les activités économiques notamment, l’agriculture qui a fait des camps de satisfaits et d’insatisfaits en termes de désenclavement et de régression des terres agricoles respectivement. Cette étude suggère que, pour la construction des villes durables, la construction des infrastructures de base définitives doit se faire avant l’installation des populations ce qui limitera la délocalisation des populations. Bref, il faut anticiper l’aménagement urbain. Le respect scrupuleux des plans d’urbanisme pour stopper le phénomène de construction anarchique afin de mieux structurer les quartiers et les villes et rendre l’accès évident et effectif. Sur le plan environnemental, pour limiter les effets indésirables de la construction des infrastructures routières, il faut penser à rétablir les passages fauniques afin d’assurer la continuité des espèces. Et aussi pratiquer des activités de reboisement avec les mêmes espèces d’arbres afin d’assurer la reproduction rapide car étant dans leur milieu de vie. Vu la périurbanisation qui s’observe, la maitrise des constructions est d’une importance capitale car elle représente une entrave pour l’augmentation et la pérennisation des terres agricoles. Ainsi, les acteurs gouvernementaux doivent songer à mettre sur pied des infrastructures vertes et encourager les propriétaires à posséder des espaces agricoles en vue de pérenniser l’agriculture.