Le recyclage des déchets d’equipements electriques et electroniques a Yaounde (Centre-Cameroun) : Enjeux et contraintes pour le developpement de l’economie verte

Abstract

La présente recherche ayant pour thème « Le recyclage des déchets d’équipements électrique et électroniques dans la ville de Yaoundé (centre-Cameroun) : enjeux et contraintes pour le développement de l’économie verte », constitue une volonté de contribuer à l’élargissement du champ de recherche en écosociologie. C’est l’observation de l’abondance croissante d’appareil des technologies de l’information et de la communication dans la ville de Yaoundé qui a suscité l’intérêt de mener cette recherche. De prime à bord, les composantes de ces appareils sont toxiques et dangereuses. Leurs déchets constituent par conséquent, un facteur important de pollution atmosphérique et de contamination de la biodiversité. Ils ont aussi un fort potentiel économique en raison des matières premières qu’ils regorgent. Ainsi envisagé, le recyclage des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) s’affirme comme un moyen efficace de restauration écologique et source de diversification des richesses économiques. Toutefois, force est de constater que ce secteur d’activité semble encore peu conquis dans la ville de Yaoundé. Dès lors, l’objectif global de cette recherche est de comprendre et d’expliquer les facteurs limitant le développement du recyclage des DEEE dans la ville de Yaoundé. L’hypothèse principale énoncée stipule que le recyclage des DEEE, qui présente plusieurs atouts, tarde encore à se développer dans la ville de Yaoundé à cause des dynamiques liées à la prolifération des DEEE et de plusieurs contraintes liées à la filière. L’opérationnalisation de cette hypothèse a été faite à travers trois principales théories. La théorie des pratiques sociales de Théodore SCHATZKI a permis d’analyser les dynamiques de la prolifération des DEEE en s’intéressant aux pratiques de gestion des DEEE dans la ville de Yaoundé. L’ethnométhodologie de Harold GARFINKEL a contribué à l’analyse des interprétations du discours du vécu des acteurs sociaux interrogés, afin de saisir les atouts du recyclage dans leur quotidien et de relever les difficultés auxquelles ils font face dans la pratique du recyclage des DEEE. Quant à la théorie de la contingence de Henry MINTZBERG, elle a été utile pour cerner l’impact de l’environnement local sur le développement de la filière de recyclage des DEEE. L’observation directe a été mobilisée pour collecter les données utiles à cette recherche. Nous avons exploité 80 documents et réalisé 27 entretiens semi-directifs. Le traitement des donnés collectés s’est fait par l’analyse de contenu. A la fin de l’analyse, il ressort que le phénomène de recyclage des DEEE, porteur de nombreuses opportunités pour la ville de Yaoundé. sur les plans écologique et socioéconomique, fait encore face à plusieurs limites économiques, institutionnelles et socioculturelles, qui favorisent la prolifération de ces déchets et entravent le développement de cette activité dans la ville de Yaoundé. Le tissu industriel local faible, le manque de financement dans les projets de recyclage et le manque de matériel de travail sont les principales limites économiques. L’absence de sensibilisation au recyclage et le faible soutien du gouvernement sont les contraintes institutionnelles majeures. Sur le plan socioculturel, il s’agit principalement des perceptions négatives du déchet et l’ignorance des ménages sur l’enjeu du recyclage des DEEE. Ces contraintes limitent l’émergence du recyclage des DEEE au niveau du tri, de la collecte et de la valorisation de ces déchets. De ces résultats découle la conclusion selon laquelle, les populations, les institutions et les acteurs du recyclage des DEEE à Yaoundé ont tous une part de responsabilité dans le sous-développement du recyclage des DEEE.