Etude chimique de deux plantes médicinales camerounaises : Anonidium mannii (Oliver) Engler et Diels (Annonaceae) et Donella welwitschii (Engl) Pierre ex Aubr. et Pelegr. (Sapotaceae) et évaluation de leurs activités antibactériennes.

Abstract

Le présent travail porte sur l’étude phytochimique des extraits bruts au CH2Cl2/MeOH (1:1) des racines et écorces du tronc d’Anonidium mannii (Oliver) Engler et Diels (Annonaceae) et des lianes de Donella welwitschii (Engl) Pierre ex Aubr et Pellegr. (Sapotaceae) suivie de l’évaluation des activités antibactériennes des extraits et de certains métabolites secondaires isolés. A l’aide des méthodes chromatographiques usuelles quatorze (14) et treize (13) composés ont été isolés d’A. mannii et de D. welwitschii respectivement. Ces composés dont vingt-sept (27) au total ont été entièrement caractérisés à l’aide des méthodes spectroscopiques usuelles (RMN 1D et 2D), la spectrométrie de masse et l’IR. Trois d’entre eux sont décrits ici pour la première fois. Il s’agit de : deux triterpènes tétracycliques Anomanol A et B, un alcaloïde isoquinoleique, la 9-hydroxy-8-méthoxyphénanthridin- 6(5H) –one. Un composé est isolé pour la première fois des sources naturelles la 8,9-diméthoxyphénanthridin- 6(5H) –one. Tous ces composés ont été isolés des écorces et des racines d’A. mannii. Les vingt-trois autres composés obtenus, déjà décrits dans la littérature, appartiennent aux classes des composés suivantes : - Trois alcaloïdes : manniindole, Arborinine et oxoanolobine ; - Treize triterpènes : β-amyrine, acétate de β-amyrine, taraxérol, acétate d’α-amyrine, acétate de taraxérol, polycarpol, érythrodiol, lanosta-7,9(11), 24-triène-3 ß,21-diol, acide ursolique, acide oléanolique, acide diopyrique B; - Six stéroïdes : β-sitostérol, 3-O-β-D-glucopyranoside de β-sitostérol, spinastérol, 3-O-β-D-glucopyranoside de spinastérol, stigmastérol et 3-O-β-D-glucopyranoside de stigmastérol ; - Deux dérivés de l’acide benzoïque : Acide 3,4-dihydroxybenzoïque, l’acide vanillique, et une benzophénone : 3-C-β-D-glucopyranosyl-2,4’, 4,6-tétrahydroxylbenzophénone. Les extraits bruts des racines (AMR), des écorces (AME) d’A.mannii et seize (16) composés isolés ont été évalués pour leur activité antibactérienne sur douze (12) souches et isolats cliniques de bactéries multi-résistantes dont neuf Gram-négatives et trois Gram-positives. Ces tests ont été realisés à l’aide de la technique de microdilution avec la ciprofloxacine et le chloramphénicol comme réference. Il en ressort que l’extrait des racines est le plus actif avec une CMI 64 μg/mL sur la souche K. pneumoniae (ATCC 11296). Par ailleurs, les seize (16) composés testés ont été actifs sur au moins un isolat de tous les espèces (E. coli, E. aerogenes, K. pneumoniae, P. stuartii, P. aeruginosa et S. aureus). Cependant, l’acide diospyrique B a significativement inhibé la croissance de E. coli AG100 Atet, E. aerogenes ATCC13048, K. pneumoniae KP55, P. stuartii ATCC 29 et S. aureus MRSA3 avec des CMI comprises entre 4 et 8 μg/mL. Ce composé s’est avéré plus actif que le chloramphénicol sur la souche E. coli AG100Atet, avec une CMI égale à 4 μg/mL. L’érythrodiol et l'acide oléanolique ont montré une activité significative avec des CMI de 8 μg/mL sur E. aerogenes EA27, K. pneumonia ATCC11296 E. coli AG100 Atet, P. stuartii PS2636 et S. aureus MRSA6. L’anomanol A a montré une activité modéreé avec des CMI de 32 et 16 μg/mL sur les souches E. coli AG100Atet et K. pneumoniae ATCC 11296 respectivement. L’anomanol B et la 9-hydroxy-8-méthoxyphénanthridin-6(5H)-one ont présenté des faibles activités. Ces résultats montrent que l’acide diospyrique B, l’anomanol A et l’acide oléanolique sont de potentiels antibactériens et peuvent être explorés dans la conception des médicaments contre les infections bacteriens, justifiant ainsi l’usage traditionnel de A .mannii et D. welwitschii contre les douleurs abdominales.