Evaluation de l’efficacité des désinfectants commercialisés sur les formes de résistances des protozoaires intestinaux en milieu aquatique

Abstract

L’accès à l’eau potable demeure une très grande préoccupation en Afrique sub-saharienne, plus particulièrement dans les agglomérations où les populations sont confrontées à la pollution, à l’insuffisance d’hygiène, d’assainissement et au manque de méthodes appropriées de traitement à l’échelle familiale. De ce fait, l’intégration de procédés chimiques et biologiques de traitement des eaux pourrait être une alternative durable dans l’amélioration de la qualité des eaux de boisson et des eaux déversées dans l’environnement après usage. La présente étude menée de mars 2019 à septembre 2020 porte sur l’évaluation de l’efficacité de plusieurs désinfectants couramment utilisés (le Moringa, le Gypse, l’eau de Javel, le chlorure de calcium, l’ammoniac et de l’eau oxygénée) sur la résistance des formes de dissémination des protozoaires intestinaux dans les eaux usées d’origines diverses en mésocosme au laboratoire d’Hydrobiologie et Environnement. Quatre stations d’échantillonnage ont été retenues correspondant à trois types d’effluents (estudiantin, population mixte, hôspitalière) pour cette étude soit trois dans la ville de Yaoundé (Cité Universitaire, Camp sic Messa et Hôpital Général) et une dans la ville de Douala (Bois des Singes). La première phase de cette étude qui a duré 05 mois (mars à juillet 2019) a consisté à des séries de tests sur plusieurs désinfectants à utiliser et la gamme de concentration appropriée. La deuxième phase quant à elle s’est déroulée de juillet 2019 à septembre 2020 et a consisté en des prélèvements des échantillons d’eaux usées dans des flacons stériles et leur transport au laboratoire en enceinte réfrigérée pour la quantification des kystes et oocystes de protozoaires à l’aide des protocoles standards. Sur le terrain, les échantillons ont été préalablement tamisés pour éliminer les macroparticules en suspension dans l’eau. Au laboratoire, les kystes et oocystes non viables ont été éliminés par aspiration grâce au pouvoir flottation du n-butanol, le culot obtenu a été soumis aux analyses parasitaires (Faust, sédimentation, Ziehl Nielsen). Dans 07 Béchers différents (01 témoin et 06 tests) en ayant au préalable 100mg/l, 200mg/l, 300mg/l, 400mg/l, 500mg/L et 600mg/l, 500mL d’échantillons sont introduits. Les échantillons ont été par la suite homogénéisés dans le but de mettre en parfaite contact les désinfectants et les parasites. Ensuite, 5mL de culot ont été prélevés dans chaque échantillon, puis lavés à 2 reprises à l’eau distillée et au Thiosulfate de Sodium afin de neutraliser l’excès de désinfectant dans l’échantillon. Le suivi des paramètres physicochimiques et parasitologiques à différents temps de décantation a permis de déterminer les conditions optimales et d’évaluer l’efficacité des traitements. Il en ressort de ces tests qu’en fonction des caractéristiques abiotiques des eaux, les temps de décantation compris entre 24-36 h sont apparus suffisants pour éliminer la presque totalité des Matières En Suspension et des colloïdes. Il ressort des analyses physicochimiques que les eaux usées étudiées sont faiblement basiques (7,04±0,7 U.C), faiblement oxygénées (32,4±14 %), ces eaux sont riches en Matières En Suspension (1233,5±309,7 mg/L), en Colorées (9211±8131,3PtCo), et Turbides (2350±1117,8 mg/L). L’analyse parasitologique quant à elle a permis d’identifier 8 espèces : Cryptosporidium spp. (17%), Cyclospora spp. (5%), Isospora spp. (1%), Sarcocystis spp. (17%), Giardia spp. (5%), Entamoeba histolytica (6%), Entamoeba coli (47%),Balantidium coli 2%). Au cours du traitement, les faibles valeurs de certains paramètres physicochimiques tels que les teneurs en matières organiques biodégradables exprimée par l’oxydabilité et les valeurs élevées d’autres paramètres comme le pH, la conductivité électrique et des Solide Totaux Dissous ont facilité la réduction des parasites durant le traitement tandis que l’augmention de la valeur d’autres paramètres physicochimiques tels que les Matières En Suspension, les Solides Totaux Dissous, la turbidité et la Couleur ont eu une action antagoniste . L’abattement parasitologique était en moyenne de l’ordre de 95 % pour Isospora spp., 89 % pour Cryptosporidium spp., 88 % pour Cyclospora spp. et 90 % pour les oocystes de Sarcocystis spp., 95% pour les kystes de Giardia spp.,96% pour les kystes de Entamoeba histolytica, 95,75% pour les kystes de Entamoeba coli et 98,5% pour les kystes de Balantidium coli. L’efficacité de chaque désinfectant a varié en fonction de sa concentration et de la nature de l’effluent. Ainsi, l’Eau Oxygénée a agi en produisant les radicaux libres qui ont interagi avec les proteines membranaires et cytoplasmiques facilitant la destruction des kystes et oocystes, l’Eau de Javel a eu des effets semblables, le Gypse a agi en produisant les ions Ca2+ permettant une baisse du pH reduisant le contact avec la paroi kystique et la fragilise , le chlorure de calcium à agi au niveau de la membrane des kystes et des oocystes en détruisant les lipopolysaccharides, ce qui a facilité la permeabilité de la membrane et la rupture de cette dernière et le moringa agit en facilitant la précipation et l’oxydation de la paroi kystique, ceci grâce au double pouvoir de la Quiercetine. Ces deux dernières ont montré plus d’efficacité que les autres désinfectants. Ces résultats montrent d’une part que les kystes et oocystes des protozoaires intestinaux sont plus résistants aux désinfectants couramment utilisés (Eau de Javel, l’Eau Oxygénée ect) et d’autre part, que le traitement des eaux brutes avec l’extrait aqueux des feuilles de Moringa oleifera qui est moins toxique que les autres désinfectants améliorent considérablement la qualité des eaux.