Évaluation de l’efficacité des extraits des graines de Moringa oleifera (Lam) (Moringaceae) contre Sclerotinia sclerotiorum (Lib) de Bary, et les insectes ravageurs du haricot commun (Phaseolus vulgaris L.).

Abstract

Le haricot commun (Phaseolus vulgaris L.) est la deuxième légumineuse la plus cultivée au Cameroun après l’arachide pour sa richesse en amidon et en protéines. Sa production reste cependant limitée à cause des maladies dont la plus importante est la pourriture blanche (sclérotiniose) et des insectes ravageurs causant les pertes pouvant aller de 45 à 100 % en champ comme en stockage. Pour combattre ces bioagresseurs, les produits chimiques sont couramment utilisés. Bien qu’efficace, la forte utilisation des pesticides de synthèse a un impact sur l’environnement et la santé humaine. L’adoption des méthodes alternatives plus respectueuses de la santé humaine et de l’environnement à l’instar des plantes à potentiels pesticides est impérative et d’actualité. L’objectif de cette étude est de contrôler les attaques de Sclerotinia sclerotiorum et des insectes ravageurs sur le haricot commun par les extraits des graines de Moringa oleifera (EGM). Un Screening phytochimique, l’analyse par HPLC-MS et GC-MS des différents extraits ont été réalisés. In vitro, quatre extraits (à l’Acétone, à l’Éthanol, au Méthanol et aqueux) aux concentrations (C1 : 12,5 ; C2 : 25 ; C3 : 50 μl/ml), un témoin (C0 : 0 μl/ml) et une dose de (3,33 g/l) de fongicide de synthèse ayant 80 % de Manèbe comme matière active ont été testés sur deux isolats de Sclerotinia sclerotiorum. Les paramètres tels que le pourcentage d’inhibition, concentrations minimales inhibitrices (CMI 50 et 90) de la croissance mycélienne ont été déterminés. In vivo, les tests de toxicités des extraits à l’Acétone, à l’Éthanol, au Méthanol aux concentrations (C1 : 12,5 ; C2 : 25 et C3 : 50 μl/ml), un témoin et un insecticide de synthèse ayant 2 % de Pyrimiphos méthyl comme matière active ont été évalué sur les populations insectes adultes de Acanthoscelides obtectus en stockage en utilisant la variété MEX. L’expérimentation en champ a été réalisée selon un dispositif en split-plot avec quatre répétitions. Les paramètres de croissance, l’incidence et sévérité de la maladie, les dégâts causés par les insectes tout comme le rendement ont été évalués sur deux variétés améliorées de haricot commun (V1 : GLP 190 S et V2 : NITU G16187) et cinq traitements (T0 : témoin, T1 : insecticide ayant 50 % de Cyperméthrine comme matière active, T2 : extraits aqueux de M. oleifera, T3 : extraits éthanoliques de M. oleifera, T4 : fongicide ayant 80 % de Manèbe comme matière active). Les résultats de l’analyse phytochimique réalisée par HPLC-MS et GCMS ont révélé la présence de plusieurs composés (Hesperidin, acide quinique, acide gallique, l’acide n-Hexadécanoïque, l’acide Tridécanoïque, acide salicylique et Apigenin etc.) appartenant aux grandes familles des métabolites secondaires ayant une activité biopesticide connue. Les résultats in vitro montrent que l’extrait acétonique et éthanolique de M. oleifera à la concentration (C3 = 50 μl/ml) ont eu un pourcentage d’inhibition de 97,18 et 100 % respectivement pour l’isolat 1 puis de 56,02 et 97,44 % respectivement pour l’isolat 2. Les plus faibles concentrations minimales inhibitrices (CMI50) ont été obtenues avec l’extrait à l’Éthanol, soit 0,87 et 1,70 μl.ml-1 pour l’isolat 1 et 2 respectivement. Les faibles CMI90 (2,30 et 2,59 μl.ml-1) ont été obtenues avec l’extrait à l’Éthanol pour les isolats 1 et 2 respectivement. In vivo, le pourcentage de mortalité des insectes traités aux EGM à la dose (C3 : 50 μl/ml) n’est pas significativement différent du traitement à l’insecticide chimique. Le nombre d’oeufs pondus a été plus élevé dans le témoin (236,67 oeufs) comparativement aux traitements à l’extrait au méthanol (2,66 oeufs) et à l’acétone (0,00 oeuf) à la dose C3. En champ, les résultats montrent que les extraits ont inhibé le développement de la maladie sur les deux variétés de haricot. À 8 SAS de la campagne (2016-2017), les parcelles traitées à l’extrait aqueux (17,86 % et 8,64 %) et l’extrait éthanolique (11,7 % et 7,91 %) ont enregistré une sévérité de la maladie plus faible comparée aux parcelles témoins (47,32 % et 56,14 %) respectivement pour la variété V1 (NITU G16187) et V2 (GLP 190S). Pour ce qui est des dégâts causés par les insectes ravageurs, à 8 SAS de la campagne (2016-2017) on enregistre une sévérité d’attaque élevée dans les parcelles témoins (28,89 % et 33,45 %) que celle des parcelles traitées à l’extrait aqueux (14,44 % et 13,55 %) et à l’extrait éthanolique (12,82 % et 13,33 %) respectivement pour la variété V1 et V2. Durant les campagnes 2016-2017 et 2017-2018, la variété V1 (GLP 190S) a un rendement en grains de 1501,6 et 1485,9 kg/ha dans les parcelles traitées à l’extrait à l’éthanol, de 1222,9 et 1277,8kg/ha dans les parcelles traitées à l’extrait aqueux et les parcelles témoins enregistrent un rendement de 774,25 et 737,75 kg/ha. Les extraits aqueux et organiques de graines de M. oleifera contiennent des molécules phytochimiques qui seules ou en interaction ont une activité antifongique et insecticide contre la sclérotiniose et les ravageurs du haricot. Ces extraits ont réduit de manière significative les dommages causés par les insectes ravageurs du haricot commun en champ et en stockage et l’impact de S. sclerotiorum sur les plants de haricot et par conséquent, ils peuvent être utilisés comme une alternative aux produits chimiques.