Evaluation des déterminants sociaux de la santé buccodentaire des déplacés internes de la crise anglophone résidant à Yaoundé

Abstract

Introduction : les maladies et affections buccodentaires sont influencées par des déterminants sociaux qui comprennent les conditions sociales et économiques, dont l’hygiène et le soutien social. Ces maladies et affections sont donc plus présentes chez des populations vulnérables à l’exemple des personnes déplacées internes. En effet, ces populations de par leur statut précaire sont privées des soins buccodentaires et des mesures préventives courantes. Aussi, compte tenu de l'afflux croissant des déplacés internes dans la ville de Yaoundé, il est important de prendre conscience des problèmes de santé buccodentaire de ces personnes afin de contribuer à améliorer leur santé générale. Objectif : Cette étude avait pour objectif d’évaluer les déterminants sociaux de la santé buccodentaire des déplacés internes de la crise anglophone résidant à Yaoundé. Méthodologie : Une étude transversale descriptive a été menée sur une période de sept mois, de novembre 2022 à mai 2023 à Yaoundé, précisément dans les quartiers Mewoulou, Etoug-ebe, Obili, et Biyem-assi. Etaient inclus dans cette étude, les déplacés internes de la crise anglophone résidant à Yaoundé ayant consentis librement à y participer. Les données ont été collectées à l’aide d’un questionnaire dans le respect des principes éthiques, puis analysées avec le logiciel SPSS version 25.0. L’association entre les variables qualitatives a été testée par le test de Chi 2 et le test de Fischer avec un seuil de significativité α=5%. Le rapport de côtes (Odds ratio) nous a permis d’identifier les facteurs de risque, avec un intervalle de confiance à 95%. Résultats : Au total, 300 personnes déplacées internes ont été recrutées. Leurs âges variaient entre 18 ans et plus de 60 ans, avec un sex-ratio (H/F) de 0,58. La prévalence des affections dentaires était élevée soit de 96,67%. Ces affections étaient statistiquement associées au sexe et plus présentes chez les femmes. Elles étaient également associées à l’âge et plus présentes chez les personnes de plus de 60 ans. En ce qui concerne les maladies parodontales, 89% en souffraient, dont 65% de gingivite. Ces maladies étaient statistiquement associées au sexe et plus présentes chez les hommes (75,24%). Elles étaient aussi associées à l’âge, et plus présentes chez les personnes d’au plus 40 ans (77,87%), chez les célibataires (77,94%) et chez les déplacés de niveau d’instruction supérieur (83,12%). Par contre, la parodontite était d’avantage retrouvée chez les femmes (28,40%), chez les personnes d’au moins 41 ans (53,66%), chez les divorcés (66,67%) et chez les personnes de niveau d’instruction primaire (41,07%). Pour de ce qui est de l’hygiène, 98% ont déclaré posséder une brosse à dents et la majorité (65,67%) se brossaient deux fois par jour. Concernant le soutien social, seules 7,33% de ces personnes recevaient une aide venant du gouvernement. Conclusion : La santé buccodentaire des personnes déplacées internes de la crise anglophone était globalement mauvaise comparée à celle de la population générale, mais comparable à celle retrouvée par d’autres études menées auprès de réfugiés. Nous suggérons au Ministère de la Santé Publique en accord avec les autres administrations et ses partenaires techniques et financiers de mettre sur pied des politiques adaptées et des interventions proportionnelles aux besoins de ces personnes défavorisées, ciblant l’éducation en santé buccodentaire, la prise en charge des affections buccodentaires courantes et le soutien social.