Evaluation des propriétés anxiolytiques de l'extrait acqueux des écorces du tronc d Bridelia micrantha (Hochst.)Baill. (Euphorbiaceae) chez la souris

Abstract

Les troubles anxieux constituent la forme la plus fréquente de troubles psychiatriques touchant près de 21 % de la population au cours de la vie. Ces troubles sont à l’origine d’une morbidité et d’un coût de santé élevé et constituent un véritable problème de santé publique car elles réduisent la productivité au travail et l’espérance de vie des populations. Les traitements conventionnels ne conviennent pas toujours et/ou présentent de nombreux effets indésirables, d’où le recours à la médecine traditionnelle. Bridelia micrantha (Euphorbiaceae), est une plante traditionnellement utilisée au Cameroun pour le traitement de nombreuses maladies neurologiques parmi lesquelles l’anxiété et l’épilepsie. La présente étude avait pour but d’évaluer les propriétés anxiolytiques de l’extrait aqueux des écorces du tronc de Bridelia micrantha sur des modèles d’anxiété transitoire et chronique chez la souris. Le comportement anxieux transitoire des souris a été évalué par l’hyperthermie induite par le stress (HIS), les tests du labyrinthe en croix surélevé (EPM), de l’arène ouverte et de la planche à trous. Dans les tests de l’anxiété chronique induite par immobilisation chronique (SIC), séparation maternelle (SM), ou par ingestion chronique de nicotine, les paramètres comportementaux des animaux ont été evalués par le test de l’EPM, de l’arène ouverte ou de la planche à trous. Au terme de la période expérimentale dans les tests d’anxiété chronique (SIC et SM), l’activité de la sérotonine et de la corticostérone a été déterminée dans le plasma par la méthode ELISA. Le statut oxydant de l’homogénat du cerveau a été évalué après ingestion chronique de nicotine (p.o) par les analyses colorimétriques. Dans chaque test, les souris étaient réparties en général en lots de 6 animaux chacun comprenant un témoin normal, un témoin négatif, un témoin positif et trois lots tests. Les limites de l’utilisation de l’extrait de plante ont été évaluées en étude de toxicité aiguë et subchronique. Dans le test de l’hyperthermie induite par le stress, l’extrait de plante (76, 152 et 305 mg/kg) tout comme le phénobarbital (20 mg/kg) a diminué significativement (p<0,001) la température rectale moyenne des souris par rapport aux souris témoins. Dans l’EPM, l’extrait de plante (76, 152 et 305 mg/kg) tout comme le diazépam (3 mg/kg) a augmenté significativement (p<0,001) le nombre d’entrées, le pourcentage du nombre d’entrées, le temps passé et le pourcentage de temps passé dans les bras ouverts du labyrinthe par rapport au témoin. Le pourcentage du nombre d’entrées dans les bras ouverts du labyrinthe était de 53,61 % et 73,89 % chez les souris traitées à l’extrait de plante aux doses respectives de 152 et 305 mg/kg par rapport aux souris témoins où il était de 12%. La bicuculline et le flumazénil ont inhibé significativement les effets anxiolytiques induits par l’extrait de plante aux doses de 152 et 305 mg/kg. Dans le test de l’arène ouverte, les résultats ont montré une augmentation significative (p<0,001) du nombre de lignes traversées, du nombre de toilettages et du temps passé au centre de l’arène ouverte chez les souris traitées à l’extrait de plante à toutes les doses et au diazépam (0,3 mg/kg). Le nombre de lignes traversées est passé de 17,33± 0,55 chez les souris témoins à 30,50± 0,56 ; 42,50± 3,18 et 52,17± 2,90 chez celles traitées à l’extrait de plante aux doses respectives de 76, 152 et 305 mg/kg. Dans la planche à trous, l’extrait de plante a diminué de manière significative (p<0,001) le temps de latence de la première inclinaison de la tête, le nombre de redressements et augmenté significativement le nombre d’inclinaisons de la tête. L’évaluation des paramètres comportementaux des souris après induction de l’anxiété chronique montre également que cet extrait possèderait des propriétés anxiolytiques. Il a été observé par rapport aux souris témoins négatifs, une diminution (p<0,001) de l’activité de la corticostérone et une augmentation (p<0,001) de la sérotonine dans le plasma. La concentation plasmatique de corticostérone a diminué de 21,68% et de 43,62% aux doses respectives de 76 mg/kg et de 305 mg/kg de l’extrait de plante par rapport au témoin négatif. Le stress induit par une ingestion chronique de nicotine a entraîné une diminution de l’activité cérébrale de la SOD et de la catalase, du taux de glutathion réduit et une augmentation du taux de malondialdéhyde (MDA). Ces différents paramètres ont été améliorés par l’extrait de plante, suggérant que cet extrait aurait des propriétés antioxydantes. La dose létale 50 de l’extrait de plante a été estimée supérieure à 5000 mg/kg, suggérant une toxicité relativement faible. En toxicité subchronique, l’extrait a induit une diminution significative (p<0,01) de l’activité de l’ALAT et de l’ASAT, du taux de cholestérol total, de triglycérides et de LDL-cholestérol ; Le taux de HDL-cholestérol a augmenté significativement. Les résultats de cette étude ont montré que l’extrait aqueux de Bridelia micrantha exercerait ses effets anxiolytiques en interférant au niveau des systèmes de neurotransmission (GABA, sérotonine, corticostérone) et par l’intermédiaire de ses propriétés antioxydantes. Ces résultats justifient l’utilisation empirique de cette plante pour la prise en charge des troubles du système nerveux comme l’anxiété.