L’appropriation communautaire de l’énergie solaire dans la ville d’Ebolowa au Sud-Cameroun.

Abstract

La sortie de la pénurie énergétique est une condition essentielle pour un développement humain durable. Au-delà d'importantes disparités régionales (entre pays, entre zones urbaines et rurales), 70% des habitants d’Afrique subsaharienne sont privés d'accès à l’électricité et leur nombre ne cesse d'augmenter, puisque les efforts d'électrification continuent d'être en deçà du rythme de croissance de la population. Dans sa lutte infatigable pour la préservation de la nature, le Cameroun a ratifié plusieurs accords mondiaux dans la lutte contre le changement climatique et la protection de la nature. Ceci dans le but de s’orienter dorénavant à la nouvelle donne mondiale, qui est celle de la concrétisation du développement durable, à travers les énergies renouvelables. Cependant, nous avons constaté au départ, que la ville d’Ebolowa connaît des problèmes de coupures intempestives en énergie électrique, alors que l’énergie solaire constitue un atout favorable pour résorber définitivement ce déficit en énergie électrique. Ce déphasage a constitué le problème de recherche de cette étude, dont l’objectif global est de dévoiler les facteurs cachés de l’appropriation communautaire partielle de l’énergie solaire dans la ville d’Ébolowa au Sud-Cameroun. Cet objectif global est adossé sur la question principale suivante : comment expliquer et comprendre l’appropriation communautaire partielle de l’énergie solaire dans la ville d’Ébolowa au sud-Cameroun ? Et l’hypothèse principale est formulée, comme suit : « Les ménages et les commerçants de la ville d’Ébolowa n’utilisent que les lampes solaires rechargeables à cause d’une double dynamique ». Pour vérifier cette hypothèse principale sur le terrain, nous avons mobilisé deux théories, à savoir : la théorie de la contingence d’Henry MINTZBERG et celle dynamique de Georges BALANDIER. La première théorie a permis de ressortir les différents atouts et usages actuels de l’énergie solaire dans la ville d’Ébolowa. Tandis que la seconde théorie a permis de déterminer les dynamiques internes et externes qui ralentissent l’appropriation totale de l’énergie solaire dans la ville d’Ébolowa. Le caractère empirico-théorique de cette recherche repose sur l’exploitation de 40 documents scientifiques, la réalisation de l’observation directe matérialisé par 12 photos et de 19 entretiens semi-directifs avec les habitants de la ville d’Ébolowa et les acteurs institutionnels. L’analyse de contenu et la méthode du « tri à plat » ont favorisé l’exploitation des données collectées. Cette mobilisation méthodologique a permis d’obtenir quatre principaux résultats. Tout d’abord, l’énergie solaire regorge plusieurs atouts, notamment : les atouts économiques, atouts sociaux et écologiques. Ensuite, dans la ville d’Ébolowa, les habitants utilisent principalement les plaques solaires et les lampadaires solaires rechargeables, alors qu’il existe d’autres usages de l’énergie solaire. L’appropriation communautaire partielle de l’énergie solaire dans la ville d’Ébolowa s’explique ainsi par deux principales dynamiques, à savoir : les dynamiques internes (le manque d’information suffisante au sujet du bien-fondé de l’énergie solaire et le manque de sensibilisation des habitants au sujet des atouts de l’énergie solaire) et les dynamiques externes (le manque d’expertise en matière de l’énergie solaire, le manque de textes régissant l’utilisation de l’énergie solaire au Cameroun, le déficit d’éducation environnementale et le niveau de vie des habitants de la ville d’Ébolowa).