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Veuillez utiliser cette adresse pour citer ce document : https://hdl.handle.net/20.500.12177/11062
Titre: Influe n ce des activités anthropiques sur le profil entomologique du paludisme en zone équatoriale camerounaise : cas de Simbock et Nyabessan
Auteur(s): Mbakop, Lili Ranaise
Directeur(s): Etang, Josiane Désirée
Fomena, Abraham
Mots-clés: Barrage hydroélectrique
Etude d’impact
Paludisme
Urbanisation
Vecteurs du paludisme.
Date de publication: 2022
Editeur: Université de Yaoundé I
Résumé: Les modifications de l'environnement résultant des projets de développement tels que les barrages, les processus d’urbanisation contribuent à créer des gîtes de reproduction des moustiques, vecteurs des maladies tropicales telles que le paludisme. En effet, dans de nombreux pays d’Afrique sub saharienne, il a été démontré que les infrastructures hydrauliques et l’urbanisation affectent les interactions entre l’homme et les insectes vecteurs de pathogènes, avec une implication significative sur la transmission des maladies. La présente étude visait à évaluer l’influence des projets de développement (construction d’un barrage hydroélectrique et urbanisation) sur le profil de transmission du paludisme dans le faciès équatorial du Cameroun. Il s’agissait en effet de répertorier d’éventuels changements sur la composition de la faune anophélienne vectrice du paludisme, la transmission du Plasmodium et d’évaluer la sensibilité aux insecticides d’Anopheles gambiae s.l., vecteur émergent du paludisme dans un contexte écologique perturbé. Les captures nocturnes de moustiques adultes ont été effectuées par des volontaires avant et pendant la construction du barrage à Nyabessan et le processus d’urbanisation à Simbock, entre 2000 et 2006 (étude rétrospective), puis entre 2014 et 2016 (étude prospective). La même étude a été conduite simultanément dans le village Olama qui a été considéré comme site témoin. Les vecteurs du paludisme ont été identifiés à l’aide des clés d’identification morphologique et analysés par la technique ELISA pour la détection de la protéine circumsporozoïte de Plasmodium falciparum. Les espèces d’Anopheles (A.) gambiae s.l. ont été identifiées à l’aide des marqueurs moléculaires. Les collectes larvaires ont été effectuées entre 2014 et 2017 pour effectuer les tests de sensibilité aux insecticides notamment à la deltaméthrine, à la perméthrine, au DDT et au Bendiocarb. L’utilisation du synergiste PBO (Pipéronyle Butoxyde) a permis d’explorer les mécanismes de résistance métabolique aux pyréthrinoïdes. Les mécanismes de résistance aux pyréthrinoïdes et au DDT par modification de la cible (mutation kdr) ont également été criblés à l'aide des marqueurs moléculaires. Au total, 17530 moustiques adultes appartenant à 13 espèces ont été collectés dont 6127 à Nyabessan, 5341 à Simbock et 6062 à Olama. A Nyabessan, A. moucheti et A. ovengensis qui étaient les principales espèces avant la construction du barrage (27,4 - 37,5 piqures/homme/nuit- p/h/n, 0,48 - 0,22 piqûres infectantes/homme/nuit- pi/h/n), ont montré une diminution de leur rôle dans la transmission du paludisme pendant la mise en place du barrage (14,5 -11,6 p/h/n, 0,12 - 0,01 pi/h/n) (p<0,005). Inversement, A. gambiae s.l. et A. paludis ont présenté pendant la construction du barrage, un rôle accru dans la transmission (6,3 - 9,3 p/h/n, 0,24 - 0,2 pi/h/n) (p<0,001). A Simbock A. moucheti qui était l’espèce majeure avant l’urbanisation (8,1p/h/n, 0,12 pi/h/n) n’a pas été capturé entre 2014 et 2016 (durant le processus d’urbanisation). A Olama, A. moucheti est restée le principal vecteur du paludisme tout au long de l’étude entre 2000 et 2016. Les populations d’A. gambiae s.l. de Nyabessan, Simbock et Olama étaient résistantes à la deltaméthrine (46-95% de mortalité), à la perméthrine (7 - 66%) et au DDT (5-10%) mais sensibles au bendiocarb (98-100%). L’exposition des moustiques au PBO avant le test de sensibilité a significativement restauré la sensibilité des vecteurs à la deltaméthrine (98% - 100%) mais n’a pas changé le statut résistant des anophèles à la perméthrine (22%). L’allèle L1014F responsable de la résistance kdr a été retrouvé à des fréquences élevées dans les trois sites d’étude, soit 0,68 à Nyabessan, 0,64 à Simbock et 0,98 à Olama. Les modifications anthropiques de l’environnement de grande envergure (à l’exemple de l’urbanisation et de la construction de barrage) engendrent une modification profonde du profil entomologique, consistant en une substitution des vecteurs secondaires (A. moucheti) par des vecteurs majeurs (A. gambiae s.l.), entrainant par conséquent un accroissement du risque d’infection palustre. Ceci est d’autant plus grave que ces vecteurs majeurs sont résistants aux insecticides usuels en santé publique, avec par endroit des combinaisons de mécanismes de résistance kdr et métabolique. Ces résultats soulignent d’une part la nécessité de mettre en place un système de surveillance efficace contre les maladies à transmission vectorielle autour des projets de développement susceptibles de modifier l’environnement, et d’autre part l’urgence d’adopter l’utilisation des combinaisons d’insecticides comme méthode de gestion de la résistance.
Pagination / Nombre de pages: 170
URI/URL: https://hdl.handle.net/20.500.12177/11062
Collection(s) :Thèses soutenues

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