Etude des virus de la dengue et du chikungunya : aspects épidémiologiques et pharmacologiques

Abstract

L’infection par les arbovirus représente une menace constante pour la santé en Afrique et au Cameroun en particulier. L’objectif de ce travail était d’étudier quelques aspects épidémiologique et pharmacologique des virus de la dengue et du chikungunya. Pour atteindre cet objectif, nous avons mené une étude descriptive pendant une la période allant de Mars 2017 à Juin 2018 au cours de laquelle nous avons inclus tout patient consentant ayant une fièvre dans les formations sanitaires de 5 regions du Cameroun notamment les hôpitaux de district de Limbé (Sud-Ouest), de New-Bell (Littoral), de Londji (Sud), de Bafoussam (Ouest), de Mfou (Centre). Les échantillons de sang ont été collectés et utilisés pour la recherche des virus Dengue et Chikungunya par RT-PCR en temps réel. Les cas positifs de Dengue ont été sérotypés et génotypés par RT-PCR semi-nichée. Enfin, Le screening des propriétés anti-virus Chikungunya a été effectué après culture du virus en présence d’extraits de plantes, par le test de neutralisation sur plaque et par RT-PCR temps réel. Les effets des extraits actifs sur les étapes clés du cycle de réplication virale (Entrée, réplication, et assemblage/Libération des particules virales) et sur les protéines virales (nsP2 et E2) ont été déterminés. Les analyses statistiques des données ont été faites à l’aide des logiciels R version 4, SPSS version 22.0 et Graph pad version 5.0 pour Windows. Sur les 527 échantillons collectés, 40 étaient positifs à la RT-PCR en temps réel dont 37 (7%) cas positifs de dengue et 3 (0,6%) cas positifs de chikungunya. Les virus Dengue appartiennent au type 1, et au génotype V. Nos résultats ont montré qu’après 16 heures d’incubation les extraits et fractions de plantes testés sont relativement non toxiques à la concentration de 100 μg/mL. Sur les dix plantes testées, les extraits bruts de EI (Entandrophragma cylindricum) ; EIII (Poga oleosa) et E6 (Macaranga hurifolia) présentaient une inhibition >80% à la concentration de 25 μg/mL. La fraction à l’acétate d'éthyle d’EIII a présenté l'activité antivirale la plus élevée. Enfin, les résultats ont montré que les extraits bruts de EI et EIII ainsi que la fraction acétate d’éthyle de EIII inhibent à la fois l’entrée et la réplication virale avec des pourcentages d’inhibition >80; tandis que les extraits bruts de E2 (Khaya grandifoliola) et E4 (Entanda africana) inhibent préférentiellement l’étape d’entrée du virus. Enfin, les extraits bruts d’E6, E12 (Phragmenthera capitata) et E13 (Detarium microcarpum) agissent préférentiellement sur l’étape de réplication et de libération des particules virales. Les résultats montrent aussi que ces inhibitions se font de manière concentration-dépendante. Ainsi les extraits de EIII et la fraction acétate d’éthyle ont présenté les indices de sélectivité les plus élevés pour l’inhibition de la réplication (65,28 et >185) ; tandis que pour l’inhibition de l’étape d’entrée, l’extrait EI a présenté l’indice de sélectivité le plus élevé. Les résultats du Western Blot et de la RT-qPCR ont montré que l’action sur les étapes de réplication virale et d'entrée du virus s’effectuait par inhibition de l’expression des gènes viraux nsP2 et E. Les résultats de cette étude montrent la nécessité de renforcer la surveillance des infections fébriles aiguës, et que les plantes de la pharmacopée Camerounaise sont des sources de composés actifs dans la thérapeutique des infections au Chikungunya.