Propriétés antimicrobiennes et thérapeutiques de quelques plantes médicinales sur les germes multi-résistants causant les infections urogénitales.

Abstract

Les infections urogénitales (IUG) demeurent une préoccupation majeure en santé publique en particulier chez les femmes. La maitrise de ces infections devient de plus en plus compliquée à cause des phénomènes de résistance et de multirésistance des germes vis-à-vis des traitements existants. De ce fait, la recherche perpétuelle de nouvelles molécules antimicrobiennes est indispensable pour faire face à ce défi. De plus, les composés issus des plantes médicinales pourraient être utilisés en synergie avec les médicaments conventionnels afin d‟améliorer l‟efficacité de ces derniers. Cette étude a ainsi été initiée dans le but d‟évaluer le potentiel antimicrobien et thérapeutique de divers extraits (aqueux, hydroéthanolique, méthanolique, chlorure de méthylène-méthanol), de Nauclea pobeguinii (NP), Picralima nitida (PN), Rumex abyssinicus (RA) et Shirakiopsis elliptica (SE), utilisées dans le traitement des infections diverses, contre quelques germes multirésistants causant les infections urogénitales. Pour atteindre nos objectifs, des isolats cliniques provenant des patients malades ont été identifiés. Leur caractère multirésistant a été mis en évidence par la méthode de diffusion, le criblage antimicrobien des extraits vis-à-vis des isolats a été effectué par la méthode de dilution, et l‟analyse qualitative des constituants phytochimiques de chaque extrait de plante a également été effectuée. Le pouvoir potentialisateur des extraits sur les antibiotiques a été déterminé grâce à la méthode de Checkerboard. Enfin, le potentiel thérapeutique des extraits les plus actifs a été évalué in vivo, en induisant transurétralement une infection urinaire à UPEC (uropathogenic E. coli), aux jeunes souris femelles de souche Balb/c qui ont ensuite été traitées par les extraits de plante actifs aux doses de 100, 200, 400mg/kg de poids corporel. Les résultats ont permi l‟identification présomptive de 9 isolats cliniques (Escherishia coli, Proteus vulgaris, Providencia stuartii, Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus saprophiticus, Candida albicans, Candida krusei, Candida famata, Cryptococcus laurentii) prouvés multirésistants vis-à-vis de diverses classes d‟antibiotiques et d‟antifongiques. L‟étude du potentiel antimicrobien des différents extraits de plantes étudiés a revelé leur potentiel vis-à-vis des microorganismes testés, avec des concentrations minimales inhibitrices (CMI) variant de 0,125 à 64mg/mL. Dans certains cas, les CMIs des extraits brutes étaient inférieures aux CMIs de plusieurs antibiotiques de référence. Tous les extraits issus de Shirakiopsis elliptica ont démontrés un fort potentiel antimicrobien vis-à-vis de 5 des 8 espèces bactériennes testées. Quant aux extraits issus de Rumex Propriétés antimicrobiennes et thérapeutiques de quelques plantes médicinale sur les germes multi-résistants causant les infections urogénitales. abyssinicus, l‟extrait à l‟eau (RAE) seul a démontré une activité modérée sur l‟ensemble des souches bactériennes testées. Pour ce qui est des extraits issus de Picralima nitida, l‟extrait à l‟eau (PNE) a démontré une activité modérée sur les bactéries Gram positif mais une faible activité sur les bactéries Gram négatif. L‟extrait aqueux de Nauclea pobeguinii, s‟est également distinguée des autres extraits en présentant un pouvoir antimicrobien modéré vis-à-vis de l‟ensemble des espèces bactériennes testées. Au final, tous les extraits de plantes étudiés ont démontré des activités intéressantes au regard des CMIs obtenues (≤8mg/ml) vis-à-vis d‟au moins 5 microorganismes testés. L‟ensemble des résultats de l‟analyse phytochimique a montré que les extraits actifs contenaient en majorité les tannins, les alcaloïdes et les saponines pouvant être responsables des activités observées. Comparativement aux extraits méthanoliques et hydroéthanoliques issus des mêmes plantes, les extrait aqueux ont montré une meilleure activité antimicrobienne in vitro. En ce qui concerne la capacité des extraits de plantes à potentialiser les différents antibiotiques, les résultats ont montré que 37 interactions ont été additives, avec les indices de concentration inhibitrice fractionnelle (ICIF) compris entre 0,56 et 0,95 ; tandis que 35 interactions ont été indifférentes avec des ICIF compris entre 1,03 et 1,98. Ces interactions additives ont entrainé une réduction de la CMI de la plus part des antibiotiques pouvant aller jusqu‟à 64 fois. Ainsi, la concentration de la doxycycline a été réduite jusqu‟à 64 fois par les extraits aqueux de Nauclea pobeguinii vis-à-vis de Staphylococcus saprophiticus; celles de la norfloxacine et de la doxycycline ont été réduite de 32 et de 16 fois respectivement par les extraits aqueux de Skirakiopsis elliptica (SEE) sur Eschérichia coli, agents causaux des cystites et polynéphrites. L‟étude in vivo a permis de démontrer que les extraits aqueux de Nauclea pobeguinii, Rumex abyssinicus et de Skirakiopsis elliptica auraient des effets thérapeutiques contre la cystite induite. Au terme de ce travail, il a été établit que les extraits aqueux de Nauclea pobeguinii, Skirakiopsis elliptica et Rumex abyssinicus, possèderaient un potentiel antimicrobien et thérapeutique contre les germes multirésistants causant les infections urogénitales et peuvent de ce fait servir comme point de départ de développement des médicaments contre la cystite et la polynéphrite.