Contenus curriculaires de la culture et nationale et enracinement culturels des apprenants de l'éducation de base au Cameroun

Abstract

« On n’a pas connaissance jusqu’ici dans l’histoire de l’humanité, d’un peuple au monde qui a pu éclore en faisant fi de ses propres bases culturelles » (Nga Ndongo, 2016 : 22). Notre étude met en relief la nécessité d’endogénisation des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être, par le système éducatif, dès la tendre enfance. Il s’agit d’ancrer les tout petits dans leurs cultures, au point qu’il se forge dans leur subconscient une identité culturelle nationale qui soit au-dessus des clivages tribaux, linguistiques et religieux. L’utilisation des langues nationales, la diffusion de l’enseignement des cultures nationales, les rapports entre l’éducation et le monde du travail sont, entre autres, des domaines où le divorce entre théorie et réalité met à nu les problèmes de pertinence de notre système éducatif. En effet, sans réforme fondamentale, les systèmes éducatifs hérités de la colonisation ont dans leur croissance, fait grandir également les défauts et les tares dont ils étaient porteurs dès l’origine. Notre souci majeur dans cette recherche oscille autour du problème d’inadéquation entre les programmes scolaires et les besoins socio-économiques et culturels de la population. Le curriculum de la culture nationale actuel est-il à même de répondre aux préoccupations telles que : l’enracinement culturel des jeunes en perte de repères ; la préservation du patrimoine culturel en voie de disparition ; l’augmentation du rendement scolaire en terme d’insertion sociale et de réduction du chômage… ? Face à ces interrogations, les facteurs comme les contenus curriculaires, ont été soupçonnés comme cause du phénomène observé, compte tenu de leur importance dans le type d’homme à former. Ces préoccupations sus- énumérées ont suggéré le titre ci-après à notre étude : « contenus curriculaires de la culture nationale et enracinement culturel des apprenants de l’éducation de base au Cameroun » La question de recherche qui sous-tend cette étude est formulée ainsi qu’il suit : « le système éducatif du Cameroun est-il en adéquation avec son environnement socioculturel ? » Pour y répondre, l’hypothèse principale suivante a été formulée : « il n’y a pas une adéquation entre le système éducatif Camerounais et son environnement socioculturel. » Pour la rendre opérationnelle, quatre (04) hypothèses secondaires ont été retenues, à savoir : - HS1 : « Le patrimoine culturel n’est pas suffisamment intégré dans les programmes scolaires pour assurer l’enracinement culturel des apprenants. » ; - HS2 : « Les stratégies didactiques et les processus pédagogiques actuellement appliqués en culture nationale n’enrayent pas suffisamment l’aliénation culturelle chez les élèves de l’école primaire »; - HS3 : « Les supports didactiques utilisés dans l’enseignement de la culture nationale contribuent insuffisamment à ancrer les élèves de l’école primaire dans leur culture » ; - HS4 : « Les modalités de gestion du curriculum n’induisent pas un changement de comportement, résultant de la maitrise des connaissances en culture nationale » . La collecte des données s’est effectuée en deux phases. La première est quantitative et la seconde qualitative. L’enquête quantitative a consisté en la passation d’un questionnaire à 800 élèves des classes de CM2 de la région de l’Ouest Cameroun, par la technique d’échantillonnage aléatoire simple stratifié. La phase qualitative a consisté en des interviews individuelles approfondies de 30 personnes ressources à raison de 5 personnes ressources par comité de cultures et de langues nationales. Cette deuxième phase a porté sur un échantillon à choix raisonné. Le dépouillement et le traitement des données se sont faits à l’aide du Logiciel informatique SPSS, permettant ainsi à l’aide du calcul automatique d’avoir des résultats favorisant le test d’hypothèses qui s’est fait à base du Khi Deux favorisant ainsi l’analyse et l’interprétation des résultats. Aussi, l’analyse de contenu a permis la simplification des discours textes recueillis à travers les interviews, dans le but de produire un effet d’intelligibilité, et d’accéder à une interprétation. C’est ainsi qu’à la lecture des tableaux générés par cet outil statistique, les résultats suivants ont été obtenus : - L’hypothèse secondaire N°1: X² Cal = 460,800 et au seuil de signification: Alpha = 0,05 avec un ddl = 4, X²lu = 9,4877. Nous avons X² Cal > X²lu, alors HS1 confirmée. Le coefficient de contingence, C = 0,6045, compris entre 0,6 et 0,8 : le degré de liaison entre les deux variables est statistiquement forte. Ainsi, HS1 est confirmée à 60,45 %; - L’hypothèse secondaire N°2: X² Cal = 358,400 et au seuil de signification: Alpha = 0,05 avec un ddl = 4, X²lu = 9,4877. Nous avons X² Cal > X²lu, alors HS2 confirmée. Le coefficient de contingence, C = 0,5562, compris entre 0,5 et 0,6 : le degré de liaison entre les deux variables est statistiquement moyenne. Ainsi, HS2 est confirmée à 55,62 %; - L’hypothèse secondaire N°3: X² Cal = 422,400 et au seuil de signification: Alpha = 0,05 avec un ddl = 4, X²lu = 9,4877. Nous avons X² Cal > X²lu, alors HS3 confirmée. Le coefficient de contingence, C = 0,5878, compris entre 0,5 et 0,6 : le degré de liaison entre les deux variables est statistiquement moyenne. Ainsi, HS3 est confirmée à 58,78 %; - L’hypothèse secondaire N°4: X² Cal = 473,600 et au seuil de signification: Alpha = 0,05 avec un ddl = 4, X²lu = 9,4877. Nous avons X² Cal > X²lu, alors HS4 confirmée. Le coefficient de contingence, C = 0,6098, compris entre 0,6 et 0,8 : le degré de liaison entre les deux variables est statistiquement forte. Ainsi, HS4 est confirmée à 60,98 %. Au regard de ces résultats, l’hypothèse principale (HP) est acceptée à en moyenne 58,96%, (moyenne arithmétique des pourcentages des hypothèses secondaires) alors nous pouvons dire qu’« il n’y a pas une adéquation entre le système éducatif Camerounais et son environnement socioculturel. » Au terme de ce travail, nous pouvons noter quelques limites : nous n’avons pu nous déployer que dans une seule aire culturelle du Cameroun (aire culturelle Grassfield). En outre, une étude longitudinale sur les mêmes enfants de la SIL au CM2 aurait pu révéler avec plus de pertinence le degré d’enracinement culturel de ces derniers.