Susceptibilité antidiarrhéique de Dichrocephala integrifolia, Dioscorea preussii, Melenis munitiflora, Tricalysia okelensis et propriétés antidiarrhéiques de Dichrocephala integrifolia

Abstract

Les maladies diarrhéiques sont l’une des causes majeures de morbidité et de mortalité dans le monde et constituent un réel problème de santé publique. Dichrocephala integrifolia, Dioscorea preussii, Melenis minutiflora et Tricalysia okelensis sont empiriquement utilisés dans la Région de l’Ouest Cameroun pour le traitement des troubles et intoxications gastro-intestinaux. Dans l’optique de développer un Médicament Traditionnel Amélioré (MTA) efficace pour le traitement des affections diarrhéiques, les propriétés antidiarrhéiques de ces quatre plantes ont été évaluées afin de déterminer la plante, son extrait et sa fraction efficace. Les propriétés antimicrobiennes des extraits hydroéthanoliques de D. preussii, D. integrifolia, M. minutiflora et de T. okelensis, des extraits aqueux, éthanolique et hydroéthanolique de D. integrifolia et celles des fractions au dichlorométhane, à l’acétate d’éthyle et à l’éthanol de l’extrait hydroéthanolique de D. integrifolia ont été évaluées in vitro par les méthodes de diffusion des disques et de dilution en milieu gélosé. Les effets des différents extraits et fractions de D. integrifolia sur la motilité intestinale ont été évalués in vivo sur le transit intestinal accéléré par l’huile de ricin et in vitro sur les contractions spontanées du duodénum isolé de rat. Aussi, l’activité antisécrétoire de ces extraits et fractions de D. integrifolia a été évaluée in vivo sur les diarrhées sécrétoires induite par l’huile de ricin par la mesure du volume et la masse du contenu luminal. De même, le mécanisme d’action antisécrétoire de la fraction au dichlorométhane de D. integrifolia (FDDi) a été déterminé sur les secrétions intestinales induites par la prostaglandine E2 (PGE2). D’autre part, la fièvre typhoïde a été induite par administration orale de 1,5 x 108 UFC de S. typhi chez les rats et pendant 16 jours, ils ont été traités avec la FDDi. La densité fécale des salmonelles, la température rectale, la fréquence d’émission des fèces, la prise alimentaire et hydrique de chaque rat ont été enregistrées tous les jours. Après sacrifice, les paramètres biochimiques xdes fonctions hépatique et rénale (ALAT, ASAT et créatinine), du stress oxydant (SOD, CAT, MDA, GSH et NO) et histologiques ont été évalués. La toxicité aiguë de la FDDi a été réalisée suivant la ligne directrice 423 de l’OCDE. D. integrifolia a présenté la plus grande efficacité avec l’inhibition de toutes les souches bactériennes testées et l’inhibition de l’accélération du transit intestinal induit par l’huile de ricin. Parmi les différents extraits de D. integrifolia, l’extrait hydroéthanolique s’est révélé le plus efficace avec une activité bactéricide sur les souches de E. coli, S. typhi, S. choleraesuis, S. aureus, S. flexneri, une activité fongicide sur C. albicans ; Et a mieux que les autres extraits significativement (p< 0,01) inhibés in vitro et in vivo les contractions et les sécrétions intestinales. L’extrait à l’éthanol/eau a été fractionné pour une étude bioguidée de l’activité antidiarrhéique. La fraction au dichlorométhane (FDDi) par rapport à la fraction à l’acétate d’éthyle (FEADi) et à l’éthanol (FEDi) serait la plus efficace contre les souches microbiennes testées avec les rapports CMB/CMI respectifs de 1, 2, 2, 4 et 4 sur S. choleresuis, S. typhi, S. flexneri, S. dysenteriae A 1 et S. aureus. In vitro, la FDDi aux concentrations comprises entre 0,005 et 1 mg/mL, en milieu physiologique normal, a présenté une baisse significative (P< 0,01), concentration dépendante, de l’amplitude et du tonus de contractions. In vivo, sur le transit intestinal, la FAEDi et la FDDi (12,5, 25 et 50 mg/kg) ont significativement (P< 0,01), et de manière dose-dépendante, inhibé le transit intestinal. Par contre la FEDi inhibé le transit de façon dose inversement dépendante. Sur les sécrétions intestinales, la FAEDi et la FDDi ont significativement (P< 0,01) et de façon dose-dépendante inhibé le volume et la masse des sécrétions intestinales induites par l’huile de ricin. Par contre, la FEDi a inhibé de façon dose inversement dépendante le volume et la masse des sécrétions intestinales. Au vu de ces résultats, la FDDi a été utilisée pour la détermination des mécanismes d’action de l’activité antidiarrhéique. La FDDi a inhibé significativement (P< 0,01) les contractions phasiques induites par l’acétylcholine, le KCl et le BaCl2. Le prétraitement des animaux à la yohimbine et au Naloxone n’a entraîné aucune modification significative de l’activité spasmolytique de la FDDi (50 mg/kg). Par contre, le prétraitement à l’atropine a augmenté (p<0,05) l’activité spasmolytique de la FDDi, tandis que, le glibenclamide a réduit (p< 0,01) l’activité spasmolytique de la FDDi. La FDDi a inhibé significativement (p< 0,01) les sécrétions intestinales induites par PGE2. Chez les rats infectés par S. typhi, la FDDi a significativement (P<0,01), et de façon dose-dépendante, réduit la densité des S. typhi, le nombre de selles diarrhéiques ainsi que la température corporelle. La FDDi a entraîné une réduction significative (P <0,01) du taux sérique d’ALAT, d’ASAT et de créatinine. La FDDi a entraîné une augmentation significative (P <0,01) des concentrations de CAT, de SOD et du taux de GSH et une diminution significative du taux de MDA et de NO dans les différents tissus investigués. La FDDi n’a pas amélioré l’architecture du tissu hépatique mais a restauré la morphologie du tissu rénal des rats infectés aux salmonelles. La dose létale médiane DL50 de la fraction au dichlorométhane serait supérieure à 5 000 mg/kg de poids corporel. Dichrocephala integrifolia par son extrait hydroéthanolique et par sa fraction au dichlorométhane serait efficace sur les diarrhées motrices, sécrétoires et infectieuses. Ces résultats justifieraient l’utilisation de D. integrifolia dans la médecine traditionnelle.