Caractérisation physico-chimique, toxicologique et microbiologique des eaux du cours moyen du fleuve Nyong et de l’estuaire du fleuve Wouri ; essai de biodégradation du Métalaxyl-M

Abstract

La pollution perturbe l’équilibre des écosystèmes aquatiques et réduit les possibilités d’usage de l'eau. Les activités humaines en sont les principales causes. Dans le but de contribuer à la préservation de l’environnement aquatique, il a été réalisé une étude portant sur la caractérisation physico-chimique, toxicologique et microbiologiq ue des eaux des fleuves Nyong et Wouri. Ainsi, des paramètres physico-chimiques ont été mesurés suivant des protocoles standards pour analyse de l’eau. Des métaux lourds tels que le Plomb, le Cuivre, le Nickel et le Cadmium ont été dosés par spectrométrie à fluorescence X. Le pesticide Métalaxyl-M, utilisé abondamment dans les cacaoyères hébergées sur les bassins versants des deux fleuves étudiés, a été recherché par chromatographie en phase liquide à haute performance. Les bactéries hétérotrophes ont été isolées et identifiés selon des techniques usuelles. L’impact potentiel sur la santé des riverains de la qualité des eaux des deux fleuves a été déterminé à l’aide du guide pour les eaux récréatives de l’OMS ; les capacités de dégradation du Métalaxyl-M par des bactéries isolées des eaux ont été évaluées. Sur le plan physico-chimique, les températures des eaux des deux fleuves ont été conformes à la norme nationale mais supérieures à la norme internationale (25,2 °C ± 0,9 °C pour le Nyong ; 27,9 °C ± 2,2 °C pour le Wouri). Le pH, la conductivité électrique, les solides totaux et l’oxygène dissous, les matières en suspension et les nitrates ont été inférieurs ou égaux aux valeurs seuils fixées par les deux normes suscitées ; la couleur a été largement supérieure aux normes (212,9 Pt-Co pour le Nyong ; 208,9 Pt-Co pour le Wouri). S’agissant de la Toxicologie, les concentrations en métaux lourds des eaux du Nyong ont été inférieures aux valeurs seuils admises, alors que celles du Wouri, ont excepté en Nickel, été supérieures aux valeurs normales (14,9 μg/L ± 9,7 μg/L pour le Plomb, 124,3 μg/L ± 87,1 μg/L pour le Cuivre et 2,6 μg/L ±4,5 μg/L pour le Cadmium). Les teneurs en Métalaxyl-M ont été supérieures aux deux normes. Concernant la Microbiologie, une cinquantaine d'espèces bactériennes a été isolée dont les indicatrices de contamination fécale. Les genres Bacillus, Staphylococcus, Aeromonas et Pseudomonas ont été les plus présents dans le Nyong, tandis que les genres Vibrio et Pseudomonas ont été prédominants dans le Wouri. Sur le plan sanitaire, les infections cutanées et les gastroentérites fébriles ou non ont constitué les plaintes des riverains fréquemment enregistrées. S’agissant de l’essai de biodégradation, Bacillus coagulans, Pseudomonas fluorescens, Chromobacterium violaceum et Chryseobacterium indologenes prises individuellement se sont révélées compétentes à dégrader le Métalaxyl-M à 5 %. Les trois dernières espèces bactériennes assemblées en un consortium ont présenté une activité améliorée. Dans le milieu réactionnel, les concentrations bactériennes ont augmenté à partir du 2ème jour et ont atteint des valeurs maximales au 10ème jour ; le métabolite du Métalaxyl-M est apparu au 2ème jour, sa concentration a régulièrement augmenté et a atteint une valeur maximale au 10ème jour. Cette étude a mis en évidence la présence de polluants divers dans les eaux des fleuves Nyong et Wouri, la nécessité, sur le plan sanitaire, de manipuler lesdites eaux avec prudence et la possibilité d’utiliser des bactéries dans la résolution de l’épineux problème de santé publique que représente la pollution des eaux de surface.