Mort et accumulation chez les Bamiléké de l’ouest-Cameroun (XVIe XXIe) siècles

Abstract

La question de départ de notre thèse est de comprendre, dans le cas des Bamiléké de l‟Ouest-Cameroun, comment et pourquoi la mort favorise l‟accumulation. L‟on peut dire que chez les Bamiléké, l‟accumulation, comme réunion des richesses matérielles et immatérielles, est un fait. En d‟autres termes, les Bamiléké, depuis la période précoloniale, ont toujours eu à accumuler. Cependant, on constate que, l‟accumulation chez ce peuple a un sous-bassement culturel et religieux qui tourne autour des croyances religieuses développées au sujet de la mort. La mort impacte grandement le vécu quotidien des Bamiléké et, par conséquent, sur la nature de l‟accumulation. Dans l‟optique de pouvoir mieux appréhender le rôle joué par la mort dans le processus d‟accumulation chez les Bamiléké, une démarche à la fois thématique et diachronique a été adoptée. De même, le recours à l‟interdisciplinarité a été d‟une grande utilité. Dès lors, l‟on a pu démontrer que le Bamiléké a toujours intégré la mort dans son cycle de vie. La conception, qu‟il en fait, influence ses faits et gestes au quotidien. Ainsi, pour le Bamiléké de la période précoloniale, la mort ne mettait pas fin à la vie. Certains constituants matériels et immatériels de la personne favorisaient la continuité de la vie dans l‟au-delà auprès de Si, en compagnie des ancêtres et divinités. Une telle croyance amenait le Bamiléké à amasser, pour sa cause, des richesses immatérielles, et même matérielles, non marchandes. La rencontre déformante des Bamiléké avec l‟Occident-chrétien et les agressions internes ont contribué à l‟érosion de l‟éthique de vie propre aux Bamiléké. Ces différents facteurs, ont fait émerger de nouvelles croyances, de nouvelles valeurs et attitudes devant la mort. C‟est dans ce contexte que se met en place de nouveaux circuits par lesquels l‟homme peut tirer profit de la mort. Grâce aux activités économiques générées par la mort, aux différentes transactions financières et matérielles tirées de la coutume et des rapports sociaux, le Bamiléké moderne s‟enrichit matériellement et financièrement. En d‟autres termes, il procède, grâce à la mort, à une accumulation marchande, de type capitaliste.