Recours thérapeutique traditionnel dans le traitement de la fracture osseuse à Bagam (Ouest-Cameroun) : fondements, logiques d’acteurs et enjeux

Abstract

Ce mémoire, intitulé « Recours thérapeutique traditionnel dans le traitement de la fracture osseuse a Bagam (Ouest-Cameroun) : fondements, logiques d’acteurs et enjeux », va du constat selon lequel, les patients renoncent aux soins de la médecine moderne, pour recourir à la thérapie traditionnelle. Ce qui pose le problème du choix de la tradithérapie en cas de fracture osseuse dans un contexte où les pouvoirs publics multiplient les efforts pour implémenter la prise en charge médico-sanitaire dans les centres de santé. De ce contraste, découle la question centrale suivante : Comment comprendre et analyser le choix du recours thérapeutique traditionnel des patients qui souffrent des fractures osseuses à Bagam ? Cette interrogation a conduit à l’hypothèse de recherche sselon laquelle : le choix du recours thérapeutique traditionnel par les patients se fonde sur une logique d’intérêt socioéconomique. La vérification de notre hypothèse s’est effectuée par l’entremise de trois approches théoriques à savoir : le « modèle de la poubelle », le modèle étiologico-thérapeutique et la théorie de la « tradithérapie ». Elles ont permis de cerner l’origine des fractures tout en analysant la prise en charge traditionnelle. Ce mémoire emploie la méthode qualitative en se servant des techniques d’observation directe et indirecte, lesquelles révèlent les pratiques thérapeutiques spéculatives et pragmatiques. Ces techniques sont complétées par l’entretien semi-directif, qui a permis aux enquêtés d’expliquer les logiques du choix de la tradithérapie. Les données suscitées ont été collectées et stockées par des outils tels que : le magnétophone, l’appareil photo entre autres. L’ensemble de ces informations a été examiné par l’analyse thématique de contenu, qui a concouru à l’interprétation des propos des acteurs sur le sujet des fractures osseuses. Ces acteurs sont de trois catégories : les tradithérapeutes, les soignés et les accompagnateurs, sélectionnés à travers l’échantillonnage par choix raisonné. Au terme de l’examen de cette recherche, l’analyse des hypothèses de ce mémoire a produit quatre résultats. De ce qui est du fondement de la fracture, elle a une triple origine. D’abord, le fondement religieux imputé à la divinité, suivi de la cause fataliste, et, enfin l’origine mystique employée comme supposée embûche contre un individu. La critique adressée à ces arguments est leur fondement parfois en déphasage de la réalité sociale. Quant au deuxième résultat, il porte sur les deux catégories du choix de la tradithérapie. Il s’agit de l’accès à la santé à partir des coûts économiques conciliant les parties, puis l’efficience dont font preuve les tradicaments sur la fracture. Le troisième résultat présente le système de prise en charge des fractures. Elle repose sur des rituels des soins naturels et mystiques englobant le diagnostic, le traitement et parfois le cérémonial de fin de thérapie qui inclut plus ou moins la séance de « blindage » d’os contre tout accident éventuel. Le dernier résultat renseigne sur les effets de la tradithérapie. La tradithérapie contribue au rétablissement des fractures de manière plus ou moins satisfaisante. Il apparaît une relation post-soins entre le soigné et le soignant qui construit des formes de solidarité propre à la cohésion ainsi que la reconnaissance sociale du traitant. Si la médecine traditionnelle reconnaît ses faiblesses, néanmoins, elle s’inspire parfois des résultats de la médecine conventionnelle pour opérer certaines décisions essentielles.