Expérience sociale de la situation de Handicap et reprise du Moi-corps chez la personne amputée

Abstract

Cette étude porte sur l’expérience sociale de la situation de handicap et de la reprise du Moi-corps chez la personne amputée. Elle pose comme problème, celui de la liminalité dans laquelle vit la personne amputée. La question posée dans cette étude est de savoir : comment l’expérience sociale de la situation de handicap rend compte de la reprise du moi-peau chez la personne amputée ? Cette question interroge les facteurs ou les mécanismes importants du processus de production du handicap. Elle s’appesantie sur le caractère situationnel et considère le handicap comme une co-construction sociale résultat de l’interaction entre la personne présentant les incapacités et les éléments de son contexte. Une étude qualitative utilisant des entretiens semi-directifs a été conduite auprès 05 participants présentant soit une amputation de membres inférieurs ou supérieurs recrutés grâce à un échantillonnage par choix raisonné au CNRPH. Les résultats de cette étude montrent clairement qu’on ne saurait parler de l’expérience sociale de la situation de handicap sans prendre en compte les facteurs personnels et environnementaux (micro, macro et méso) qui peuvent soit être des facilitateurs ou obstacles à la participation sociale de la personne amputée. Ces résultats montrent que, la personne amputée fait face non seulement aux difficultés d’ordre personnel mais aussi, elle fait face aux réels problèmes d’ordres sociaux et environnementaux (manque d’accessibilité, la stigmatisation sociale, stéréotype, les préjugés, les étiquettes, les représentation et réactions sociale, mentalités). L’expérience sociale de la situation de handicap est à la fois une expérience vécue et partagée. L’étude montre que, ce n’est pas le désavantage social causé par un traumatisme, une maladie ou un problème de santé qui fonde le handicap, mais le processus de discrimination qui engendre la méconnaissance des besoins et des attentes des personnes, matérialisés par l’inactivité sociale, le manque d’accessibilité, la ségrégation psychologique, la dépendance économique et civile. En conséquence, l’environnement devient un élément sur lequel se concentre la réflexion. Car, ce n’est plus la personne en situation de handicap qui est inadaptée au milieu, mais ce dernier qui crée ou amplifie le handicap et génère l’obstacle social.