Déterminants de la survie des patientes opérées du cancer du sein à l’Hôpital Gynéco-Obstétrique et Pédiatrique de Yaoundé

Abstract

Introduction : Le cancer du sein est le deuxième cancer le plus fréquent dans le monde et demeure le premier cancer féminin. Ce cancer occupe la première place en Afrique. Au Cameroun, le cancer du sein demeure un réel problème de santé publique et la survie à 5 ans varie de 30 à 62%. Il a été démontré que la chirurgie améliorait la survie des patientes atteintes du cancer du sein. En dehors de la chirurgie y’aurait-il d’autres facteurs influençant la survie des opérées du cancer du sein? D’où notre étude. Objectif : Il s’agissait d’étudier déterminants de la survie des patientes opérées du cancer du sein Matériels et méthode : Nous avons mené une étude descriptive transversale avec collecte des données historico-prospective des patientes opérées du cancer du sein à l’HGOPY de 2010 à 2020. Nous avons consulté les dossiers à la recherche des variables épidémiologiques, cliniques, paracliniques, thérapeutiques et de survie. Nous avons complété les données relatives à la survie directement auprès des patientes ou de leurs proches via le téléphone après leur accord verbal. Nous avons analysé les données en utilisant le logiciel SPSS version 23.0. L'analyse de la survie a été faite par la méthode de Kaplan-Meier et les courbes de survie comparées par le test du Log Rank. Les facteurs influençant la survie ont été évalués par le modèle de Cox. Le seuil de significativité fixé à 0,05 et l’intervalle de confiance à 95%. L’étude a été approuvée par le comité d’éthique de la FMSB, de l’HGOPY et par le CRERSHC. Résultats : Nous avons inclus 166 patientes dont l’âge variait entre 20 et 84 ans avec un âge moyen de 48,27 ± 12,44 ans.La tranche d’âge la plus représentée était celle allant de 40 à 49 ans (29,5%). La plupart des opérées étaient grandes multigestes (53,0%), grandes multipares (42,2%) et 42,2% étaient ménopausées. Le délai moyen de la première consultation en gynécologie était de 9,9 mois.Les motifs de consultation les plus fréquents étaient le nodule mammaire (75,9%) et la masse mammaire (14,5%). Les signes fréquemment retrouvés étaient le nodule (72,9%) et les adénopathies (59%). Environ 48,2% des opérées avaient un stade T4 ; 59% une invasion ganglionnaire et 10,8% étaient métastatiques. Le carcinome canalaire invasif était le plus rétrouvé (91,6%) et le grade II le plus représenté (54,2%). La chirurgie radicale a été réalisée chez 92,2% et un curage axillaire chez 91,6%. La majorité des opérées (97%) a reçu la chimiothérapie, l’hormonothérapie dans 37,3% et la radiothérapie dans 62%. Dans 20% des cas sont survenues des récidives tumorales avec un délai médian de 5 mois. La survie à 5 ans était de 62%. La mortalité était plus élevée les trois premières années. La médiane de survie après la chirurgie n’a pas été atteinte néanmoins le premier quartile était Q1= 32,63 mois soit 2,72 ans. Les facteurs indépendants associés de façon statistiquement significative à une réduction de la survie étaient le prurit mammaire (HRa=9,74 ; p=0,004), la localisation retromamelonnaire de la tumeur (HRa=2,5 ; p=0,035), l’envahissement ganglionnaire (HRa=2,66 ; p=0,008) et la récidive tumorale (HRa=7,57 ; p=0,000). Conclusion : La survie à 5 ans des patientes opérées à l’HGOPY était de 62%. La mortalité était plus élevée les trois premières années. Les facteurs indépendants associés à une réduction de la survie étaient le prurit mammaire, la localisation retromamelonnaire de la tumeur, l’envahissement ganglionnaire et la récidive tumorale. Nos résultats suggèrent de multiplier des activités de dépistage et de diagnostic précoce, une surveillance clinique rapprochée pendant les trois premières années suivant la chirurgie, en vue de réduire le taux de mortalité précoce observés.