Résultats fonctionnels et facteurs pronostiques des traumatismes oculaires par armes à feu en zones de conflits au Cameroun

Abstract

Introduction : le traumatisme oculaire est un ensemble de lésions traumatiques qui intéressent le globe oculaire, ses annexes et les voies optiques. Les traumatismes oculaires par armes à feu sont des urgences traumatologiques rares, responsables de lésions oculo-orbitaires graves pouvant compromettre à la fois le pronostic anatomique du globe et celui de la fonction visuelle. Depuis quelques années, le Cameroun est confronté à divers conflits armés ayant occasionné de multiples traumatismes physiques par armes à feu notamment celles de l’oeil. Nous avons jugé opportun d’étudier le devenir fonctionnel des yeux traumatisés par armes à feu dans nos différentes zones de conflits. Matériels et méthodes : il s’agissait d’une étude transversale analytique avec collecte de données rétrospective, menée dans les services d’ophtalmologie de trois formations sanitaires militaires, pendant une période de 6 ans (Janvier 2017 à Décembre 2022). Etaient retenus, les dossiers des patients victimes du traumatisme oculaire par arme à feu. Les données épidémiologiques et cliniques, les facteurs pronostiques et le retentissement fonctionnel étaient étudiés. Les analyses statistiques ont été faites à l’aide du logiciel SPSS version 23. Résultats : nous avons enregistré au total 162 yeux traumatisés de 136 patients. La moyenne d’âge était de 28,93±6,52 ans, tous de sexe masculin et militaires. L’atteinte était unilatérale chez 110 patients (80,9%) et bilatérale chez 26 patients (19,1%). Plus de la moitié des patients (59%) avaient consulté dans un délai de plus de 48 heures. La moyenne de l’acuité visuelle des yeux traumatisés était de 1,66±1,04 logMAR à l’admission. Nous avons observé une prédominance des traumatismes à globe fermé (72%). Les lésions anatomiques les plus fréquentes du globe étaient l’hyphéma (23,4%), l’hémorragie intravitréenne (19,7%). Celles des annexes étaient les lésions conjonctivales (78%). La catégorie 2 l’OTS était la plus représentée (35,8%), suivie de la catégorie 3 (24%). La moyenne de l’acuité visuelle finale était de 1,38±1,17 logMAR soit un gain de 16,86%. Les séquelles les plus fréquentes étaient les monophtalmies (25,9%), suives des phtyses (11,1%) et des enophtalmies (7,4%). Le taux de cécité était de 50%. Les facteurs influençant l’acuité visuelle finale étaient le type de traumatisme, l’acuité visuelle initiale, l’hyphéma et l’hémorragie intravitréenne. Conclusion : la cécité liée aux traumatismes oculaires par armes à feu en zone de conflit au Cameroun est fréquente. Les facteurs de mauvais pronostic fonctionnel sont nombreux. Le port des lunettes pourrait réduire la fréquence de cécité et de déficience visuelle.