Rétinopathie et microalbuminurie chez les diabétiques Camerounais

Abstract

Introduction : le diabète sucré est une affection métabolique caractérisée par la présence d’une hyperglycémie chronique résultant d’une déficience de sécrétion d’insuline et/ou d’anomalies de l’action de l’insuline sur les tissus cibles du fait d’une résistance à l’insuline. C’est un problème de santé publique qui représente le trouble métabolique le plus répandu au monde. Au cours de son évolution peuvent survenir des complications micro et macroangiopathiques et faire la gravité de la maladie. Ces complications sont dominées par la rétinopathie diabétique et la néphropathie diabétique. L’association entre la rétinopathie diabétique proliférative et la protéinurie manifeste a été démontrée avec de plus en plus de preuves que la microalbuminurie pourrait être un marqueur précoce de la rétinopathie diabétique. Objectif général : étudier les caractéristiques cliniques et biochimiques de la microalbuminurie chez le patient diabétique présentant une rétinopathie diabétique selon les stades et sa prédictibilité de prolifération rétinienne. Méthodologie : il s’agit d’une étude transversale analytique réalisée dans deux hôpitaux du Cameroun d’octobre 2022 à juin 2023, incluant les patients diabétiques de type 1 et 2 équilibrés ou non avec au moins cinq ans d'évolution du diabète. Les variables étudiées étaient : l’âge, le sexe, la durée du diabète, l’équilibre glycémique, la mesure de l’AVL, les stades cliniques de la RD selon SFD et le taux de l’albuminurie. L’analyse statistique a été faite avec les logiciels CsPro version 7.7 et SPSS version 26.0. Les tests utilisés étaient ceux du Chi-carré et Exact de Fisher avec un seuil de significativité fixé à 5 %. Résultats : Au total 118 patients diabétiques (n= 236 yeux) étaient retenus. La moyenne d’âge était de 51.2 ± 13.3 ans avec des extrêmes allant de 15 à 89 ans. Le sex-ratio était de 0,61. La durée moyenne d’évolution du diabète était de 7,6 ± 2,3 ans. Les patients diabétiques de type 2 étaient majoritairement retrouvés (73,7%) et 88 patients diabétiques (74,6%) présentaient un mauvais équilibre glycémique. L’examen au fond oeil retrouvait une absence de rétinopathie diabétique dans 57,6% des yeux, tandis que 24,5% d’yeux avaient une RDNP sévère et 2,5% une RDP modérée. La microalbuminurie a été présente chez 38,1% des patients. Elle était positive chez 91% de patients avec une rétinopathie diabétique proliférante et chez 66,7% ayant une rétinopathie diabétique non proliférante. Un lien statistiquement significatif entre la microalbuminurie et les stades de rétinopathie diabétique était retrouvée. La Rétinopathie et microalbuminurie chez les diabétiques camerounais microalbuminurie multipliait par 8 le risque d’avoir une rétinopathie diabétique non proliférante et par 6,24 le risque d’avoir une rétinopathie diabétique proliférante (p< 0,001). Une spécificité de 80,4 % à une sensibilité de 69,1 % de la microalbuminurie, avec une valeur prédictive positive de 64,1 % (IC à 95 % : 63,02 - 64,91) et une négative de 83,3 % (IC à 95 % : 77,6 – 87,2) étaient retrouvées. Conclusion: la microalbuminurie est un marqueur biochimique de prédiction de la rétinopathie diabétique. Elle s’est révélée plus spécifique que sensible chez ces malades.