Ressources génétiques et production de l’arachide (arachis hypogaea l., 2n = 4x = 40) en zone d’altitude de l’Ouest Cameroun

Abstract

En vue d’assurer une meilleure valorisation des ressources génétiques locales dans les schémas de sélection de l’arachide pour le contexte spécifique des hautes terres de l’ouest Came-roun, une étude est conduite pour : (1) inventorier la diversité morphotaxonomique des cultivars traditionnels dans la zone géographique située entre 9° 54’ et 11° 48’ de longitude Est, et 5° 12’ et 5° 50’ de latitude Nord ; (2) caractériser les niveaux de résistance des cultivars répertoriés vis-à-vis cercosporioses (C. arachidicola et C. personatum), maladies importantes de cette région ; (3) analyser les impacts des infections d’origine naturelle des deux phytomycoses sur le rendement en gousses des cultivars de niveaux différents de sensibilité ; et (4) rechercher des corrélations entre certains caractères de production (longueur du cycle et productivité de gousses) et les paramètres de croissance et de développement en vue d’une caractérisation des potentialités variétales. Les résultats obtenus montrent que l’usage des noms locaux dans les enquêtes variétales en écosystèmes cultivés permet de capter l’ensemble de la diversité morphotaxonomique de l’ara-chide dans la région multilinguistique de l’ouest Cameroun. Vingt huit dénominations locales de cultivars d’arachide sont regroupées en 7 types morphologiques (valencia rouge pâle, valencia blanc laiteux, long manyema, large spanish, fung bunch rose, castle cary et viginia runner) repré-sentant 25 % des types agronomiques rencontrés chez Arachis. hypogaea. Les dénominations va-riétales reflètent d’avantage des différences linguistiques qu’une diversité morphologique. Aucun des cultivars répertoriés n’est génétiquement immune vis-à-vis des cercosporioses. Trois niveaux de sensibilité caractérisent le comportement de l’ensemble des cultivars : résistant (sévérité = 3–8 %) ; résistant modéré (sévérité = 10–35 %) ; et sensible (sévérité = 38–55 %). Les cercosporioses réduisent le rendement (32 à 48 %) et le nombre de gousses/plante (33 à 46 %), quel que soit le cultivar. Elles n’affectent pas la taille des gousses et des graines des cultivars ré-sistants. Une hypothèse formulée sur l’existence d’une hiérarchie de priorité dans l’attribution de photo-assimilats, au cours de l’élaboration du rendement, entre les différentes composantes de rendement d‘une part, et entre leurs activités de formation et de croissance d’autre part, explique les résultats obtenus. Le rythme de différenciation des noeuds par la tige principale de l’arachide varie peu entre cultivars d’une même sous-espèce. Chacun des noeuds 1 à 5 est formé en 4 jours quel que soit la sous-espèce. Les noeuds 6 à 15 sont différenciés en 4 ou 5 jours/noeud pour fastigiata, et en 5 ou 6 jours pour hypogaea. Six ou 8 jours sont nécessaires pour former chacun des noeuds 16 à 21 pour hypogaea, alors que le rythme d’émission des noeuds est maintenu au niveau atteint à la phase précédente pour fastigiata. La première floraison est observée à 7 noeuds (unité de chaleur (UC) = xxvi 496 °C) pour fastigiata, et à 8 ou 9 noeuds (UC =577 °C) pour hypogaea. Dans cet ordre, la pre-mière gousse mûre apparaît au noeud 19 (UC = 1067 °C) et au noeud 22 (UC = 1444 °C). Il s’écoule 24 (UC =232°C) à 27 (UC = 260°C) jours entre le stade première gousse mûre et le délai de récolte (75% de gousses mûres/plante) pour la sous-espèce fastigiata. Il est démontré que le développe-ment des noeuds foliaires sur la tige principale de l’arachide n’est pas linéaire et est une caractéris-tique de sous-espèce. Il existe une relation synchrone entre les stades de développement de la pre-mière gousse formée et la différenciation des noeuds par la tige principale. Une méthode de datation bioclimatique des stades de développement d’une gousse et du délai de récolte des plantes d’ara-chide est proposée. Les cultivars recensés sont caractérisés par deux classes de maturité, moyenne (121-130 jours) et tardive (150-160 jours). La période de remplissage des gousses (PRG), la vitesse de croissance des gousses (VCG), la vitesse de croissance totale (VCT), et le coefficient de répartition des photo-assimilats (CRA), différencient les cultivars et sont positivement corrélés avec leurs caractéristiques de production, sauf le poids de 100 gousses. Le nombre total de gousses/plante (NTGP) et le rendement potentiel en gousses (REP) augmentent proportionnellement avec la durée de la PRG ou la VCT. Le NTGP ou le REP croissent par taux décroissant en fonction de la VCG ou du CRA. La PRG est associée négativement (r = - 0,721 ; p = 0,05) avec le CRA, alors que la VCG l’est positivement avec la VCT (r = + 0,74 ; p = 0,05) ou le CRA (r = + 0,906 ; p = 0,001). Il y aurait une limite à l’amélio-ration du rendement en gousses basée sur le CRA ou la VCG. Le potentiel de production des gousses par les cultivars d’arachide est variable et non spécifique du groupe morphologique. La réalisation de ce potentiel est associée à différentes combinaisons des niveaux d’expression de la période de remplissage des gousses, de la vitesse de croissance totale de la plante, de la vitesse de croissance des gousses, et du coefficient de répartition de photo-assimilats de la plante entre les organes végétatifs et les gousses. Aucun des déterminants physiologiques analysés ne peut être utilisé seul pour un objectif de classement des potentialités de production de gousses des cultivars d’arachide.