Facteurs climatiques, régimes hydrologiques et production de l’énergie hydroélectrique au Cameroun : cas du bassin du fleuve Sanaga

Abstract

La production énergétique constitue l‘un des quatre facteurs fondamentaux du développement moderne des pays en général et ceux en voie de développement en particulier. Le riche potentiel hydroélectrique du Cameroun marqué par la présence de nombreux chutes et rapides sur les cours d‘eau est un véritable atout pour la production de l‘énergie hydraulique qui est influencée par la taille et la nature des écosystèmes des bassins versants concernés. La déclivité et le substratum entrainent l‘accélération des écoulements. Le passage dans les différentes zones climatiques peut augmenter ou réduire les écoulements et par conséquent le débit du cours d‘eau. Le but de cette étude est d‘apprécier l‘impact des variations des facteurs climatiques sur la production de l‘énergie hydroélectrique au Cameroun. Dans la poursuite de l‘objectif principal, des données secondaires de pluviométrie, de températures et des débits de 1950 à 2018 ont été étudiées, en plus une collecte des données sur le prélèvement d‘échantillons d‘eau du bassin du fleuve Sanaga à certains exutoires à des périodes différentes. Ces données ont été analysées par les méthodes statistiques qui consistaient à faire la synthèse des données sur les précipitations et les températures ; à détecter les ruptures, à calculer l‘ETP, à évaluer la disponibilité de l‘eau au sein du bassin et les matières en suspension et à analyser les débits ainsi que la production de l‘énergie hydroélectrique effective dans les barrages du bassin et enfin à établir des corrélations diverses. De cette méthodologie, il ressort que la pluie moyenne dans le bassin de la Sanaga à Édéa est de 1881,4 mm au cours de la première sous-période d‘étude (1950-1982) tandis qu‘elle est 1773,8 mm pour la deuxième (1983-2018) soit un écart absolu de 107,6 mm (5,7 %). La tendance (trend) d‘équation y=-0,641x+1866, montre une régression. Les températures moyennes annuelles évoluent de 23,1 °C en 1976 à 24,2 °C en 2016. La moyenne est de 23,7±0,27 °C. La tendance montre une augmentation progressive des températures depuis 1979. L‘ETP varie de 936,6 mm en 1976 à 1219,9 mm en 1998, pour une moyenne de 1138,2 mm et une tendance d‘équation y = 2,549x + 1088. Les courbes de l‘énergie potentielle ont les allures de celles des débits. La puissance hydroélectrique potentielle subit une chute de l‘ordre de 0,12 % à 0,26 % au cours de sa transformation par la turbine puis sa transmission au réseau par le biais d‘une génératrice dont les rendements sont compris entre 74 % et 88 %. La production effective de la centrale d‘Édéa a atteint son maximum en 1978-1979 qui était de 1.384.352,6 MW. Sa moyenne est de 1.231.024 MW au cours de la période 1974-1991. La baisse de la production de l‘électricité observée entre juillet et août pour la période peut provenir du problème de réadaptation des machines au flux élevé de l‘eau qui tend à les étouffer de la vitesse de croisière atteinte et de la diminution de la hauteur de chute de l‘eau. La production de l‘énergie peut décroître tandis que les débits augmentent, à cause de l‘état des machines tel que leur âge, la maintenance, les produits transportés par l‘érosion (limons et alluvions). L‘entreprise concessionnaire de l‘hydroélectricité et l‘Etat perdent respectivement 6125 et 1145,34 FCFA par consommateur moyen suite à la variabilité climatique. Ces résultats montrent une baisse des précipitations couplée à une hausse de températures, les impacts étant une forte évaporation et une diminution des ressources en eau au sein du bassin. Adjoints à la sédimentation, ces effets affectent la production hydroélectrique induisant les délestages