Diversité floristique et biomasse des forêts atlantiques du Cameroun

Abstract

Dans le but d’alimenter la stratégie et plan d’action national pour la biodiversité et celle du mécanisme REDD+ du Cameroun, une étude de la structure des forêts atlantiques a été menée, de juin à septembre 2011, dans les concessions forestières 1086, Unité Forestière d’Aménagement 11 001, Commune d’Eyumedjock, localité d’Okoroba, région du Sud-Ouest et 1029, UFA 00 004, Commune de Yingui, localité de Yingui située à cheval entre les régions du Centre et du Littoral. La richesse et la diversité floristiques, la distribution des classes de diamètre, la densité, la surface terrière, la chorologie et les stocks de carbone ont été évalués dans six parcelles d’un hectare chacune, installées dans chaque site. Chaque parcelle a été divisée en 25 sous parcelles de 20 m x 20 m dans lesquelles tous les arbres de diamètre supérieur ou égal à 10 cm ont été identifiés, comptés, marqués et les diamètres à 1,30 m du sol mesurés. À Okoroba, la flore est constituée de 247 espèces, réparties dans 179 genres et 56 familles. Cette forêt se singularise par la dominance des Caesalpiniaceae grégaires confirmant son appartenance au district atlantique biafréen (190-375 m d’altitude). À Yingui, le fond floristique est constitué de 234 espèces, 170 genres et 53 familles. Deux faciès y sont observés, un faciès riche en Clusiaceae se rapprochant du district atlantique nord-occidental (956-963 m d’altitude) et un faciès plus ou moins riche en Caesalpiniaceae appartenant au district atlantique littoral (285-547 m d’altitude). Aussi bien à Okoroba qu’à Yingui les classes de diamètre montrent une distribution en L avec beaucoup d’individus de petits diamètres et très peu d’individus de gros diamètres traduisant une bonne régénération de la forêt au niveau de ces deux sites. Du point de vue de la structure non spatialisée, l’analyse indique des valeurs moyennes de densité de 573±102 individus dans les forêts d’Okoroba et 498±126 individus/ha à Yingui. La surface terrière moyenne est de 32,35±05,13 à Okoroba et 31,69±06,37 m2/ha à Yingui. Concernant la dissémination des diaspores, à Okoroba, on rencontre surtout les espèces sarcochores. À Yingui, le faciès littoral regorge d’espèces sarcochores ; dans le faciès nord-occidental on rencontre surtout les espèces barochores. Quant aux indicateurs biologiques de conservation, les inventaires réalisés révèlent la présence de 60 espèces de plantes prioritaires pour la conservation : 26 espèces vulnérables (3 à Okoroba, 2 à Yingui et 21 communes aux deux sites), 3 espèces en danger (2 à Okoroba et 1 à Yingui), 2 espèces en danger critique (1 pour chaque site) et 29 espèces endémiques du Cameroun communes aux deux sites. Les forêts de Yingui stockent une quantité moyenne de 202,37±50,51 tC/ha légèrement supérieure aux 194, 95±34,59 tC/ha stockés par les forêts d’Okoroba. La présence d’espèces prioritaires pour la conservation et les valeurs de biomasse ci-dessus calculées montrent que les concessions forestières représentent des sites de conservation de la biodiversité et de stockage du carbone, malgré leur affectation comme site de production de bois d’oeuvre.