Style d’attachement et consommation abusive des substances psychoactives chez les adolescents de la rue : cas de l’Avenue Kennedy

Abstract

Le phénomène des enfants de la rue est une situation qui est source de plusieurs tourments, discrimination et stigmatisation de ces enfants (UNESCO, 2003). Leur nouveau milieu de vie (la rue) pousse ces jeunes à vivre des situations traumatogènes ayant un impact sur la construction de leur identité et en l’occurrence l’estime de soi, la confiance en soi et les capacités de faire face. Aussi, la solution addictive apparaît alors comme un sésame leur permettant, non seulement de réduire la tension ressentie, mais aussi de se sentir plus forts et de retrouver un semblant d’équilibre psychique. C’est fort de cela que nous avons entrepris une étude intitulée les styles d’attachement des adolescents et la consommation abusive des substances psychoactives des adolescents de la rue : cas de l’Avenue Kennedy. Compte tenu de la littérature et des informations glanées lors de nos diverses observations dans la rue Elig-Effa de Melen à Yaoundé sur la consommation abusives des substances psychoactives, nous avons constaté que 17 adolescents sur 20 (entre 13 et 18 ans) consomment abusivement le tramadol et les joints. Toutefois, leurs attitudes, en lien avec celles de ceux qui ne consomment pas encore, laissent transparaître le fait de découragement de ceux qui voudraient s’y essayer. Certains auteurs ont étudié cet aspect soit sous l’angle psychopathologique psychanalytique de l’attachement renchéri en mettant en avant les styles d’attachement à travers la mise sur pied des relations précoces d’attachement aux parents et aux proches et leur actualisation dans le vécu quotidien durant l’adolescence (Guédeney & Guédeney, 2014). Ces styles d’attachement s’inscrivant dans les Modèles Internes Opérants (MIO) qui organisent, structurent et actualisent les styles d’attachement des adolescents à travers les stratégies primaires et secondaires via les phases d’assimilation et d’accommodation (Bowlby, 1987). Le problème posé par notre étude est celui de l’importance des styles d’attachement sur la consommation des substances psychoactives chez les enfants et adolescents en situation de rue. D’où la question de recherche suivante : les MIO de l’attachement expliquent-ils les attitudes liées à la consommation des substances psychoactives des adolescents en situation de rue ? Sur la base des théories psychanalytiques de l’attachement, nous avons émis l’hypothèse selon laquelle à travers le système affiliatif, les MIO de l’attachement des adolescents en situation de rue expliquent leurs consommations abusives des substances psychoactives. L’objectif de cette étude étant de comprendre comment les liens familiaux d’attachement à travers les MIO expliquent la consommation abusive des substances psychoactives chez les adolescents en situation de rue. Pour y parvenir, nous avons utilisé la méthode clinique (observation clinique armée). Les données ont été recueillies à l’aide de deux questionnaires (questionnaire sur les attitudes liées à la consommation et l’inventaire d’attachement pour les parents et les pairs) chez treize (13) adolescents au Centre d'écoute et de transit Yaoundé. Nous avons utilisé l’analyse descriptive des données chiffrées pour étudier les réponses de nos sujets. Ce faisant, le MIO de l’attachement appliqué à nos résultats montre que malgré un style d’attachement existant sécure chez nos sujets, le vécu dans la rue a accentué un style d’attachement sécure ce qui a faussé le traitement de l’information à la phase d’assimilation poussant ces sujets à se réfugier dans la solution addictive.