Évaluation spatio-temporelle des ressources en eau du bassin versant du Haut Bandama pour l’optimisation de la production de la canne à sucre : cas des complexes sucriers de Ferkessédougou (Nord de la Côte d’Ivoire).

Abstract

Les différentes pressions anthropiques et climatiques, et surtout l’augmentation rapide de la population, ont conduit à une pression accrue sur les ressources en eau agricole, entraînant une insuffisance de la production agricole. C’est le cas de la SUCAF-CI, dans le nord de la Côte d’Ivoire, qui n’arrive pas à satisfaire sa part de la demande nationale en sucre, estimée à environ 120 000 tonnes par an. L’objectif de cette étude est d’analyser la relation entre la variabilité climatique, la dynamique de l’occupation des sols et la réponse hydrologique dans le temps et dans l’espace sur le bassin versant du Haut-Bandama, afin d’optimiser la production de la canne à sucre dans les complexes sucriers de Ferkessédougou. Les approches basées sur la caractérisation du changement climatique, la dynamique de l’occupation des sols et la modélisation des écoulements dans le bassin versant du Haut-Bandama ont montré, pour le premier, à travers l’application des chaînes de Markov d’ordre 1 et 2, une récurrence de plus en plus fréquente des sécheresses de deux et trois années consécutives d’ici 2050. Les modèles climatiques utilisés indiquent une baisse des précipitations suivie d’une diminution des écoulements de 16,74 % sur la période 2021-2050, à l’exception du modèle RCA4, qui prévoit une hausse de la pluviométrie suivie d’une augmentation des écoulements de 6,05 %. Concernant la dynamique de l’occupation des sols, l’analyse a révélé une tendance à la dénudation des sols, avec la dégradation du couvert végétal, ce qui entraîne une augmentation du coefficient de ruissellement, passant de 31 % à 36 % respectivement en 2020 et 2050. La modélisation hydrologique à l’aide du modèle SWAT a mis en évidence l’impact de la dynamique de l’occupation des sols et des changements climatiques sur les ressources en eau du bassin versant du Haut-Bandama le long de la route KorhogoBadikaha. En effet, sur la période 2021-2050, les modèles climatiques régionaux étudiés montrent une baisse des débits à l’exutoire du bassin versant de 11,27 % selon le scénario RCP4.5 et une réduction des débits de 16,75 % en moyenne sur la période 2021-2050 selon le scénario RCP8.5. De plus, l’analyse des prélèvements actuels dans les retenues Lokpoho et Morrison a montré des besoins en eau s’élevant à plus de 3 256 969 m³ et 18 110 996 m³ respectivement. Les prélèvements prévus sur la période 2021-2050 selon les scénarios RCP4.5 et RCP8.5 dans le barrage de Lokpoho et de Morrison montrent une augmentation de la demande en eau future. L’analyse du fonctionnement des réservoirs en réponse à l’évolution mensuelle des besoins en eau a révélé une insatisfaction de la demande en eau pendant trois mois, de janvier à mars pour la retenue de Lokpoho et de février à avril pour la retenue de Morrison sur la période 1986-2016. L’augmentation de la demande en eau sur la période 2021-2050 induit de longues périodes de non-satisfaction, allant de 4 à 6 mois selon les scénarios RCP4.5 et RCP8.5. Ces niveaux de satisfaction montrent qu’sur la période 2021-2050, le complexe sucrier de Ferkessédougou pourrait être confronté à des déficits hydriques sur plusieurs mois, selon les scénarios RCP4.5 et RCP8.5. Cette étude à travers les résultats obtenus, permet de comprendre le fonctionnement hydro-climatologique et de connaitre les paramètres extrêmes climatiques impactant la production agricole. Par conséquent, elle permet d’orienter les activités de production de la canne à sucre dans le complexe sucrier de Ferkessédougou.