Expression et facteurs de risque du paludisme chez la femme enceinte, en zone rurale au Sénégal

Abstract

Les femmes enceintes constituent un groupe à risque pour le paludisme. Le contrôle et la prévention du paludisme pendant la grossesse reposent avant tout sur la chimioprophylaxie. En raison du développement de la chloroquino-résistance, de nombreuses études ont été réalisées ces dernières années afin d'élaborer des stratégies prophylactiques et thérapeutiques appropriées à cette population. Ces études ont démontré que les primigestes constituaient particulièrement un groupe à risque qu'il convenait de protéger en priorité. Nous avons mené une étude dans la zone de Niakhar à 150 km au sud-est de Dakar dans le village de Toucar de janvier 1998 à janvier 2000. Les objectifs de cette étude étaient de décrire les aspects épidémiologiques du paludisme au cours de la grossesse et à l'accouchement en milieu rural par la mesure 1) de la prévalence de l'infection palustre asymptomatique et des accès palustres pendant la grossesse 2) de la prévalence de l'infection palustre à l'accouchement, 3) de la mesure de la prévalence palustre placentaire et de sa liaison avec l'infection de la mère, 4) des variations de ces prévalences suivant la saison, le rang de gestation, l'âge de la femme. Avec leur consentement nous avons suivi 189 femmes âgées de 17 à 45 ans pendant leur grossesse. Leur gestité était comprise entre 1 et 12. Au terme de notre étude nous avons noté que les primigestes ont présenté plus fréquemment des infections palustres dans le sang circulant pendant la grossesse, à l'accouchement et dans le placenta avec des taux de prévalence à 29,5 IYo, 18,7 1Y<1, et 43,4 % respectivement. Nous avons observé d'une part une influence saisonnière très marquee en rapport avec les pics de transmission dans la zone de Niakhar et d'autre part et une faible observance de la chimioprophylaxie objectivée par un test urinaire. La survenue de faibles poids de naissance a été plus fréCJuemment associée à une infestation placentaire, Très peu de cas d'accès palustres ont été détectés durant nos deux années de suivi chez la femme enceinte, Notre étude confirme que malgré les politiques de chimioprophylaxie menées par l'OMS et le programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), le paludisme chez la femme enceinte reste un grave problème de santé publique pour la mère et le nouveau né en milieu rural au Sénégal. Il sera nécessaire de continuer ce travail par des études spécifiques afin de déterminer les obstacles à l'efficacité de cette chimioprophylaxie en collaboration avec le PNLP et le nouveau programme mondial de l'OMS « Faire Reculer le Paludisme