Gilbert Hottois et la critique de la philosophie du langage au 20ème siècle.

Abstract

La philosophie au XXe siècle est essentiellement secondaire, vu son grand intérêt pour le langage. Les causes de cette secondarité sont : la mainmise de la science moderne sur le référentiel extralinguistique et la réaction complexe de la philosophie face à la technoscience contemporaine. La secondarité philosophique s’est manifestée suivant deux formes principales : la forme métalinguistique dans le monde anglo-saxon et la forme adlinguistique au sein du continent. Gilbert Hottois remet en question cette secondarité et propose la déflation et le désinvestissement de la philosophie sur le langage afin de prendre en considération les problèmes actuels de la société à savoir les problèmes de la technoscience contemporaine. Toutefois, au bout d’un examen critique de la pensée de Gilbert Hottois, nous montrons que celle-ci soulève quelques problèmes. Certes, la philosophie anglo-saxonne est envahie par la question du langage, mais l’exigence de précision et de rigueur dans l’usage du langage dont fait preuve la philosophie analytique est digne d’intérêt philosophique. De plus, le fait pour Gilbert Hottois de vouloir se passer du langage est un rêve irréalisable. Nous pensons également que, contrairement à ce que pense le philosophe belge, le langage constitue un outil de compréhension et de construction du monde, il est un produit de la culture. Le langage n’est pas l’apanage de la philosophie, il est indispensable dans toutes les formes symboliques de la culture. Mais malgré ces critiques, la thèse de Gilbert Hottois garde toute sa pertinence : il est urgent pour les philosophes de réfléchir sur les problèmes actuels et surtout de mettre sur pieds une philosophie de la technique pour répondre aux défis de la contemporanéité.