Le Cameroun et la politique d’insertion nationale des peuples dits marginaux : cas des pygmées Bakola/Bagyeli de Lolodorf (1960-2015)

Abstract

Les Bakola/Bagyeli de Lolodorf, à l’image des autres groupes pygmées du Cameroun ont façonné leur culture et leur tradition à partir de la forêt. De celle-ci dépendaient alors leurs activités et organisation sociale. Pendant longtemps, ils y ont vécu jusqu’au moment où l’Etat du Cameroun décida de faire d’eux des citoyens à part entière. Ainsi, après les indépendances, les pouvoirs publics lancèrent un appel à tous les Pygmées du territoire national, de sortir de forêts et de s’installer en bordure de routes carrossables en vue de leur sédentarisation et insertion nationale. A la suite du gouvernement, la communauté internationale, les partenaires nationaux et internationaux se sont joints à cette œuvre humanitaire. De nombreuses actions vont alors être menées sur le terrain. Celles-ci sont orientées autour de cinq principaux piliers à savoir la Citoyenneté, l’Education, la Santé, l’Agriculture et gestion des produits forestiers non ligneux et le Dialogue intercommunautaire et sécurisation foncière. Sur le terrain, lesdites actions ont entrainé la transition entre deux modes de vies diamétralement opposés. Cette transition de la vie traditionnelle à la vie moderne imposée aux Bakola/Bagyeli de Lolodorf ne s’est pas faite sans heurt. De nombreuses mutations ont été opérées sur le terrain allant de l’influence de leur mode de vie, à la reconsidération des rapports avec les Bantu et les autres communautés nationales. Cette rupture brusque du mode de vie les a fragilisé entrainant même des déperditions et égarements entre tradition et modernisme. Malgré toutes les initiatives et actions concrètes en faveur de l’insertion nationale effective des Bakola/Bagyeli de Lolodorf, celles-ci laissent un gout d’inachevé et méritent d’être réajustées.