Le statut de l’art dans la théorie platonicienne de l’éducation : une lecture de la république.

Abstract

La question de l’art chez Platon s’enracine dans celle de l’éducation et occupe une place déterminante dans l’économie de sa philosophie ; c’est par l’éducation que l’on devient utile pour la cité. C’est par un processus l’éducatif que l’on devient philosophe, magistrat, soldat, cordonnier, charpentier, etc. Platon part d’un constat selon lequel l’homme mène une vie de misère, tragiquement caractérisée par les puissances négatives : les opinions sensibles, les phénomènes, l’ignorance qui sont des freins qui le maintiennent esclave dans la caverne ombreuse où il se borne aux phénomènes sensibles ou aux choses qui lui tombent sur les divers sens. Ainsi, c’est constat l’amène donc à théoriser sur l’éducation et à faire d’elle la source de la félicité de la cité en assignant à l’art un statut de choix. L’éducation trouve toute sa signification avec l’art qu’il présente de prime abord sous un angle métaphysique comme création du beau conduisant aux idées, lesquelles idées sont à la source idéale dont l’âme se souvient pour identifier le beau sensible. En suite l’art doit être un moyen indispensable au service des valeurs supérieures, voici la raison fondamentale pour laquelle il instrumentalise l’art au service de l’éducation. Dans La République, il se pose donc le problème de la qualité de ceux qui doivent exercer telle ou telle fonction sociale : l’éducation des philosophes, des magistrats, des soldats et des artisans. L’art dans l’éducation se situe dans le sens de la conversion en ceci qu’elle permet le mouvement de l’âme du monde sensible vers le monde intelligible et aussi dans le sens de la formation de chacune des classes constituantes de la cité au plein exercice de sa fonction. L’esthétique platonicienne est indissociable de la métaphysique car en toute chose, il recherche les essences c’est-à-dire la nature profonde des choses au-delà des apparences sensibles. Dans sa réflexion sur l’art, il sera conduit à se demander ce qu’est la beauté en-soi au-delà de la diversité sensible que l’on observe. Si un corps est dit beau, c’est qu’il possède un élément immanent qui fait la qualité d’être beau, c’est alors cette qualité immanente qu’il faut déterminer, pour ce fait, il faut éliminer de la définition du beau tout déterminant empirique ou phénoménal. Il lie de façon explicite et systématique le beau à l’universel, la beauté se présente certes de prime abord sous forme extérieure dans l’apparence des objets et cette beauté apparente doit nécessairement manifester une beauté intérieure, intellectuelle. Il systématise donc son art dans la dualité d’un coté sur l’éducation du corps et de l’autre sur celle de l’âme. Par art, Platon désigne un ensemble de disciplines : la musique, la gymnastique, la peinture, la poésie, la fable, le théâtre (tragédie et comédie) et par extension la géométrie et la dialectique. La poésie et la peinture sont reprochables à cause de leur caractère imitatif et mensonger ; la musique et la gymnastique doivent aller de pair parce que s’adressant à deux entités certes distinctes mais liées temporellement que sont le corps et l’âme. La fable est le lieu de l’expression d’une vérité sous le voile d’une fiction. Le théâtre qui implique la comédie et la tragédie est lieu de la représentation des scènes de vie en y mettant du comique et du tragique. Et en fin, la géométrie et la dialectique sont les arts de l’esprit.