Effet de vie et mythe : une lecture de la mer des roseaux d’Emmanuel Matateyou

Abstract

La problématique de notre travail peut se ramener à la question de savoir si une œuvre littéraire peut créer un effet de vie chez un lecteur si ce dernier n’a pas connaissance du substrat mythique qui le sous-tend. Selon Marc Mathieu Munch, une œuvre littéraire réussie est celle qui est capable de générer un effet de vie dans la psyché du lecteur-auditeur. Or l’œuvre en tant que fait littéraire est l’émanation de l’imaginaire de l’auteur qu’il crée à partir de quelque chose : c’est ce quelque chose que les théoriciens de la mythocritique en l’occurrence, Gilbert Durand ont appelé ‘Mythe’. C’est également ce mythe qui fonde l’idéologie de l’écrivain et donne ce côté hermétique au roman. Dès lors, l’effet de vie en tant phénomène « individuel » et « psychique » semble limiter la compréhension ou l’interprétation d’une œuvre par un lecteur aux seules émotions qui se dégage de lui. Bien plus encore, les conditions de réussite d’une œuvre littéraire ne viendraient que des sensations provoquées chez le récepteur lors de la lecture. Partant de là, notre travail de recherche consistera à réfléchir sur l’effet de vie et le mythe, à réinterroger la place du lecteur dans la réussite d’une œuvre à substrat mythique, et le rôle que l’analyse mythocritique, au travers des orientations de Durand, Yung et Guiyoba, peut jouer dans la manifestation d’un effet de vie total. Nous espérons ainsi apporter une plus-value à la théorie munchéenne et montrer que le mot, en tant que matériau utilisé par l’auteur, permet de construire un système de valeurs symboliques qui promeut une nouvelle vision du monde auquel le lecteur pourra accéder non pas de manière sensible mais intelligible.