L’évolution de la mentalité des insulaires dans "Celles qui attendent" de Fatou Diome

Abstract

Dans l’histoire des peuples, la mentalité représente un enjeu majeur tant dans leur construction que dans leur compréhension mutuelle. Dans l’espace francophone africain en particulier, elle devient de plus en plus un sujet d’intérêt commun. Se manifestant via les arts comme la littérature, l’étude des mentalités permet aujourd’hui de questionner les œuvres sur de nouvelles orientations, où l’écriture apparaît comme un champ de manifestation des mentalités. C’est le cas de Celles qui attendent1 de Fatou Diome où nous avons étudié comment la mentalité et l’identité des insulaires ont évolué sans leur déplacement au fil du temps pour s’adapter aux variations du monde. Pour résoudre ce problème, nous avons convoqué la sociocritique d’Edmond Cros qui s’appuie sur deux théories : celle du texte qui stipule que l’œuvre littéraire est un amas d’articulations sémiotique-idéologiques qui reflètent directement la société, et qui peuvent s’influencer mutuellement et provoquer des changements. La deuxième théorie est celle du sujet culturel qui dévoile l’idéologie de l’auteure et du groupe culturel auquel il appartient. Il ressort de notre analyse que la mentalité socle des insulaires est calquée sur les règles traditionnelles et religieuses, que celle-ci est le produit de l’éducation, des expériences des individus et du cadre de vie dans lequel ils évoluent. De plus, nous avons observé qu’à cette ère de la mondialisation et de la modernité qui se manifeste par l’éducation pour tous, le rejet des dogmes et le besoin de richesses favorisé par l’individualisme, la mentalité originelle des insulaires a changé pour suivre le rythme de l’évolution du monde avec ses ouvertures. De là, les insulaires ont construit un nouveau système de référence en rapport avec leurs anciennes valeurs et au temps, ce qui leur permet de se sentir épanoui et libre. Plus loin, on a pu déceler la vision du monde de Fatou Diome qui permet au peuple sénégalais et aux peuples africains de se prendre en main, de lutter pour leur développement et leur image face à l’étranger. Cette étude nous a permis de comprendre que le temps et les mutations du monde influencent le mode de penser, d’agir et de vivre des individus en proie à l’émancipation.