Logiques d’action des pairs aidants et socialisation marginalisée chez les enfants en situation de rue ; étude menée dans la ville de Yaoundé

Abstract

Le phénomène des enfants de la rue est une problématique de toutes les sociétés aujourd’hui qui prend une ampleur considérable dans les grandes capitales africaines où généralement il y'a un réel défaut de structures d’encadrement de ces enfants. Selon une enquête du Ministère des affaires sociales en 2014, dans la seule ville de Yaoundé, on comptait 162 enfants de la rue en 2010, 172 en 2011, 104 en 2012, 106 en 2013. Ce rapport du MINAS présente la situation préoccupante de ce phénomène. En outre, les enfants les plus jeunes se retrouvent dans la rue pour des raisons multiples. Plusieurs initiatives ont été menées pour éradiquer ce phénomène, la plupart sinon toutes axées sur une progressive réinsertion socio familiale de ces enfants. Plusieurs études menées sur ce phénomène des enfants de la rue présentent la rue comme un milieu hostile, de non éducation dans lequel l’enfant développe de mauvais comportements, des habitudes contradictoires avec la société dite normale. Or la rue de plus en plus devient un espace éducatif comme l’école, la famille. Plusieurs trajectoires chez ces enfants se révèlent comme une forme particulière de socialisation. Se socialiser dans la rue pur ces enfants répond de manière créduble à la capacité qu’ont ces enfants à développer des logiques d’actions favorables à leur socialisation certes marginalisée mais qui devient tutorial pour ceux des enfants qui sont encore plus vulnérables. Le problème qui se pose ici est celui de l’influence des logiques d’action des pairs aidants sur la socialisation marginalisée chez les enfants en situation de rue. Pour mieux comprendre ce phénomène, le modèle théorique de DUBET a été convoqué, celui-ci met l’accent sur le rôle des conditions sociales et des représentations socialement produites dans la détermination des conduites d’un sujet. DUBET dégage trois grandes logiques d’action : la logique de l’intégration, la logique de l’action stratégique et la logique de la subjectivation. De cette étude, ressortent les questions de recherche suivantes : la logique de l’intégration influence-t-elle le processus de socialisation marginalisée chez les ESR ? La logique de l’action stratégique influence-t-elle le processus de socialisation marginalisée chez les ESR ? la logique de la subjectivation influence-t-elle le processus de socialisation marginalisée chez les ESR ? les objectifs de cette étude seraient d’examiner si chacune de ces logiques influence la socialisation marginalisée chez les ESR. La recherche s’est déroulée dans la ville de Yaoundé, et a été adressée à un échantillon constitué de 04 pairs aidants qui ont été retenus en appliquant la technique d’échantillonnage typique ou par choix raisonné. Cette étude s’est inscrite sur une approche qualitative de type exploratoire à visée descriptive et compréhensive. Les données qualitatives collectées auprès des participants à travers un guide d’entretien et traitées à partir d’une analyse de contenu ont permis d’obtenir les résultats ci-après : les trois logiques ont vraiment une influence dans la socialisation marginalisée chez les ESR mais la logique de la subjectivation n’est pas réellement d’un grand apport dans ce processus. Des suggestions ont été apportées pour résoudre le problème posé dans cette étude : ouvrir des centres d’écoute pour accueillir le maximum d’enfants, faire de la publicité des centres d’écouter afin que tous ces enfants puissent être informés, recenser les anciens enfants de la rue qui se sont réinsérés afin qu’ils puissent apporter leur aide aux autres enfants.