Etude de l’impact des pratiques culturales sur la qualité des noix de cajou (anacardium occidentale l.) et agrotoxicologie des intrants chimiques dans trois zones de production en côte d’ivoire.

Abstract

Les conditions agroécologiques de production des noix de cajou influent sur la qualité des productions agricoles. Ainsi, la qualité modérée des noix de cajou en Côte d’Ivoire pourrait être liée à des conditions de production peu favorables. Cette étude a donc pour objectif d’évaluer l’impact des pratiques culturales sur la qualité des noix de cajou et le risque agrotoxicologique lié à l’usage des intrants chimiques dans les zones de production de Mankono, Dabakala et Bondoukou. Pour atteindre cet objectif, des enquêtes ainsi que des prélèvements et analyses d’échantillons de noix de cajou ont été effectués au niveau des zones de production en vue des analyses morphométriques, biochimiques et mycotoxicologiques. De plus, les procédés de production observés ont été éprouvés expérimentalement quant à leur incidence sur la qualité sanitaire des noix. Aussi, une évaluation des risques toxicologiques et écotoxicologiques a été réalisée sur la base du modèle prédictif britannique d'exposition de l'opérateur (UK-POEM) et à l’aide de l’Indicateur de Risques des Pesticides du Québec (IRPeQ) à partir d’observations de terrain traduites en scénarios fiables. Les résultats révèlent que les noix de Bondoukou sont volumineuses favorisant un rendement plus important. Par contre, celles de Mankono et de Dabakala ont été très riches en acides gras insaturés notamment en acide oléique, linoléique et linolénique. Au niveau fongique et mycotoxinique, 12 genres fongiques ont été isolés des noix. Le genre Aspergillus avec une densité de 5,26 % d’Aspergillus flavus identifié a été le plus prépondérant. Des teneurs marginales en aflatoxines totales ont été trouvées avec 0,3 µg/kg à Mankono et 0,27 µg/kg à Bondoukou et Dabakala. L’analyse des résidus de pesticides a montré des teneurs non négligeables du glyphosate et du 2,4-D, dans les noix avec des niveaux sensiblement plus élevés à Dabakala et Mankono même après 6 mois de conservation. L’étude expérimentale révélait que la densité relative d’Aspergillus flavus (3,05%) était statistiquement important pour un délai de ramassage de 3 jours. Les teneurs en aflatoxines totales étaient toutes inférieures à la LMR (4 µg/kg). Celles de l’AFB1 variaient entre 0,10 et 0,25 µg/kg selon le séchoir utilisé et 0,18 et 0,29 µg/kg selon le délai de ramassage des noix. L’indicateur de fréquence de traitement montre une forte dépendance des producteurs aux pesticides (IFT = 2,35) ; notamment dans la zone de Mankono. L’évaluation de l’exposition prédictive a montré une forte exposition des producteurs aux herbicides, avec des niveaux d'exposition allant de 1,31 mg/kg pc/jour à 1,67 mg/kg pc/jour, dépassant largement les niveaux d'exposition acceptable pour l'opérateur (AOEL). L'étude a montré également que l'exposition pourrait être considérablement réduite si l'équipement de protection individuelle requis est porté pour les applications insecticides. De plus, le risque écotoxicologique de certaines matières actives et formulations commerciales est réel, avec un indice écotoxique aquatique de 4 pour toutes les matières actives des formulations utilisées. Ces travaux ont démontré la nécessité d’améliorer les systèmes de production de la noix de cajou en Côte d’Ivoire pour une meilleure compétitivité et une durabilité de cette filière.